Le Luxembourg partie prenante du futur supercalculateur européen

Le projet de création d’un supercalculateur d’envergure européenne est sur les rails. Et le Luxembourg est à la manœuvre avec plusieurs partenaires européens. En atteste une récente publication co-signée par le Commissaire Européen, Günther H. Oettinger, et le Vice-Premier Ministre luxembourgeois, Etienne Schneider. Il faudra cependant attendre septembre 2016 pour en savoir plus.

January 14, 2016

Le projet de création d’un supercalculateur d’envergure européenne est sur les rails. Et le Luxembourg est à la manœuvre avec plusieurs partenaires européens. En atteste une récente publication co-signée par le Commissaire Européen, Günther H. Oettinger, et le Vice-Premier Ministre luxembourgeois, Etienne Schneider. Il faudra cependant attendre septembre 2016 pour en savoir plus.

Par Sébastien Lambotte

A l’heure où le traitement de l’information constitue une des sources majeures de création de valeur pour l’avenir, l’Europe est à la traine en matière de puissance de calcul informatique. Le 8 janvier dernier, le Commissaire Européen, Günther H. Oettinger, et le Vice-Premier Ministre luxembourgeois et Ministre de l’Economie, Etienne Schneider, mettaient en évidence cette lacune dans une publication commune sur le blog de la Commission européenne.

L’Union européenne ne compte en effet qu’un seul supercalculateur classé dans le top 10 mondial. Ce dernier est dominé par la Chine. Les Etats-Unis comptent 5 installations dans ce classement. A première vue, dans une Europe qui entend transformer son économie pour la rendre plus digitale, on se dit que de telles infrastructures pourraient sans doute servir…

Au fait, qu’est-ce qu’un supercalculateur ?

La terminologie « supercalculateur » paraît extraite d’une œuvre de science-fiction vintage. Il s’agit en réalité d’une installation informatique de grande dimension permettant d’atteindre des puissances de calcul de l’ordre du pétaFLOP. Il est possible que cette information ne vous parle pas beaucoup, à moins que vous soyez chercheur ou expert en Big Data.

Le FLOP est une unité de mesure qui correspond au nombre d’opérations qu’ordinateur peut réaliser en une seconde. Un ordinateur ordinaire est en mesure d’effectuer en moyenne 25 milliards d’opérations simples en une seconde. Il a donc une puissance de 25 gigaFLOPS. Le pétaFLOP se situe à une échelle un peu plus élevé. On parle du million de milliards d’opérations à la seconde.

Le seul supercalculateur du top 10 en fonction en Europe se situe en Allemagne (puissance théorique de 7,404 pétaFLOPS). Il en existe un autre en Suisse (7,779 PFLOPS). L’un comme l’autre présentent une puissance bien inférieure à celui installé en Chine (puissance théorique de 54,902 pétaFLOPS) et en première position de ce classement.

Mais, à quoi sert un supercalculateur ?

Les premières applications de ces supercalculateurs étaient militaires ou scientifiques. De telles puissances de calculs permettent par exemple d’expérimenter, par simulations, des armes nucléaires. Dans le domaine scientifique, en astronomie notamment, beaucoup de sujets de recherche ont besoin de recourir à ces puissances de calcul phénoménales. Des avancées en matière de santé aussi sont possibles grâce à l’analyse et au traitement de quantités d’informations conséquentes. Ces outils permettent aussi de modéliser des systèmes naturels complexes. Des applications plus récentes sont apparues dans le domaine commercial, avec l’utilisation du Big Data à des fins marketing, ou en matière de sécurité, pour la surveillance des activités humaines et de leurs nombreuses communications (écoutes téléphoniques, analyses des e-mails, des réseaux…)

Un investissement de plusieurs milliards d’euros

L’opportunité de pouvoir profiter d’une réelle force de calcul n’est plus à démontrer aujourd’hui. L’Europe, avec la contribution du Luxembourg, veut donc se doter d’un supercalculateur qui puisse rivaliser avec ses compétiteurs internationaux et proposer des applications « Big Data » compatibles.

C’est l’enjeu d’un projet ICPEI (Important Project of Common European Interest), sur lequel sont revenus le Commissaire Européen, Günther H. Oettinger, et le Vice-Premier Ministre luxembourgeois et Ministre de l’Economie, Etienne Schneider dans leur publication. A l’initiative de ce projet, évoqué notamment lors du dernier European Data Forum, le Luxembourg entend fédérer des partenaires pour concrétiser ce projet.

« Nous devons unir nos forces en groupant des financements régionaux, nationaux et européens pour couvrir l’investissement nécessaire pour développer cette technologie HPC – High performance computing», ont souligné les deux dirigeants dans leur publication. Cet investissement pourrait s’élever à plusieurs milliards d’euros.

Le Luxembourg à la manœuvre

Le Gouvernement luxembourgeois a déjà lancé avec la France, l’Italie et l’Espagne un projet ICPEI sur la mise en place d’un nouveau supercalculateur. Début 2016, la Commission Européenne va à son tour lancer une initiative majeure pour le déploiement en Europe d’une infrastructure informatique de classe mondiale : the European Cloud Initiative. Dans le cadre de celle-ci, Le Luxembourg, la France, l’Italie et l’Espagne, en étroite collaboration avec les autres états membres, entendent fournir, d’ici septembre 2016, une feuille de route pour l’implémentation du supercalculateur (HPC) et de ses applications « Big Data » compatibles au Conseil Européen et à la Commission Européenne.

Sur ce projet, le Luxembourg est donc à la manœuvre et entend le rester. A l’échelle nationale, c’est le Ministère de l’Economie, Luxinnovation et le LIST qui sont chargés de coordonner ce projet. D’ici septembre, ils devront rendre leur copie.

En attendant, on peut nourrir l’espoir que le Luxembourg, en tant que Digital Nation, puisse accueillir une telle structure. Il y a cependant fort à parier que son implantation dépendra de négociations âpres et du niveau des investissements de chaque partie prenante.

Le classement des superordinateurs dans le monde en 2015 – WEF

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