Luxconnect, retour sur une incroyable success story

Prochainement, Edouard Wangen quittera son fauteuil de CEO de Luxconnect pour devenir le Président du Conseil d’administration de la structure. Il anticipe de cette manière son départ à la retraite, initialement prévu en décembre, tout en gardant un œil sur les développements de cette société. Il en a été le chef d’orchestre, partant de rien, avec pour mission de permettre au secteur ICT de se développer au Luxembourg. Retour avec Edouard Wangen sur cette success story !

April 16, 2015

Prochainement, Edouard Wangen quittera son fauteuil de CEO de Luxconnect pour devenir le Président du Conseil d’administration de la structure. Il anticipe de cette manière son départ à la retraite, initialement prévu en décembre, tout en gardant un œil sur les développements de cette société. Il en a été le chef d’orchestre, partant de rien, avec pour mission de permettre au secteur ICT de se développer au Luxembourg. Retour avec Edouard Wangen sur cette success story !

Par Sébastien Lambotte

Au commencement, le néant… ou presque

Tout a débuté en 2006. Edouard Wangen s’est retrouvé seul dans un bureau, au sein d’un immeuble du Quartier de la Gare à Luxembourg, avec pour mission de relever un nouveau défi… de taille. « Une loi votée à la fin de l’année 2006 octroyait à l’Etat la possibilité de charger un organisme de construire, d’exploiter et de gérer des centres de données au Luxembourg, mais de développer et de mettre en valeur une infrastructure réseau internationale, afin de mieux connecter le Luxembourg au reste de l’Europe », explique Edouard Wangen. « Une troisième mission, prévue dans la loi, est relative à la mise en œuvre et gestion d’un deuxième réseau de fibre optique à l’échelle nationale. »

A l’époque, le Luxembourg se dote de nouvelles ambitions numériques. L’Etat souhaite attirer des acteurs majeurs de l’économie digitale sur ses terres. Malheureusement, le Luxembourg pèche par un manque criant d’infrastructures. Sur la carte des autoroutes numériques, le Luxembourg n’était pour ainsi dire pas présent. « Si des connexions existaient, pour les acteurs économiques qui s’intéressaient au Luxembourg, notamment en raison de son environnement fiscal, il manquait de la redondance et un marché de providers concurrentiel leur permettant d’envisager un développement pérenne, précise Edouard Wangen. Plusieurs acteurs vendaient à l’époque des connexions vers Francfort ou Bruxelles. Mais tous vendaient la même ligne. La redondance n’était tout simplement pas là. Et sans le réseau, sans cette connectivité internationale, on ne peut rien faire. Luxconnect a été créée spécialement pour mettre cela en œuvre. »

Le bon engagement, au bon moment

Un véritable pari sur l’avenir. Mais aussi une nécessité. « Pour qu’un pays soit compétitif aujourd’hui, il doit disposer de réelles autoroutes, d’un aéroport, d’écoles, d’hôpitaux… ainsi que d’une bonne connectivité et des data centres », précise Edouard Wangen.

Dans le cadre de sa précédente fonction, à l’ILR, le premier CEO de Luxconnect avait tenté de fédérer et de convaincre les acteurs privés à assurer ces développements nécessaires à la prospérité économique du pays. Toutefois, les investissements à consentir dans un marché étroit et relativement concurrentiel constituaient à ce moment des réels freins pour les acteurs présents. « Avec Jean-Louis Schiltz, à l’époque ministre des communications et des technologies de l’information, nous sommes arrivés à la conclusion qu’il fallait un deuxième opérateur disposant d’un réseau international… Et que l’Etat devait pourvoir à ce manque», précise Edouard Wangen. « C’était un réel pari du gouvernement. Et on aurait pu se louper. Mais au final, on peut dire que l’Etat s’est engagé dans la bonne voie, au meilleur moment. »

« Nous sommes deux, et souhaitons créer un réseau international »

Créer une nouvelle infrastructure en partant n’avait rien d’une sinécure. Mais Luxconnect a appréhendé sa mission avec pragmatisme. Edouard Wangen a avant tout cherché les compétences permettant à Luxconnect de concrétiser les ambitions affichées. Il a rapidement été rejoint par Roger Lampach, qui lui succédera au poste de CEO, et par Guy Loos, en charge du développement des réseaux. « Avec inventivité et pragmatisme, en creusant dans les archives des administrations, nous avons pu trouver les bons chemins et tubes pour mettre en place ce réseau sans avoir à creuser effectivement », poursuit le responsable de LuxConnect. Mais développer le réseau jusqu’aux frontières n’est qu’une étape. Derrière, il faut encore convaincre les opérateurs étrangers de venir s’y connecter. « Au début, on ne nous a pas pris au sérieux. Voir arriver deux personnes, soit la totalité du personnel de notre organisation, du Luxembourg, avec la prétention de développer un réseau international… Il y avait de quoi être interloqué, s’amuse aujourd’hui Edouard Wangen. Mais nous sommes parvenus à nous faire entendre et à convaincre… »
A tel point que, en quelques années, le Luxembourg est parvenu à se positionner comme un nœud central du réseau formé par les principales autoroutes de l’information de l’Europe.

Un catalyseur qui a permis d’ouvrir le marché

En 2009, LuxConnect inaugurait son premier data centre, lui permettant d’accueillir des opérateurs internationaux et des prestataires de services répondant aux besoins de business numériques désireux de se développer depuis le Luxembourg. « L’initiative gouvernementale, concrétisée par LuxConnect, a permis d’ouvrir le marché des télécoms au Luxembourg. Le Luxembourg est désormais vraiment au centre de l’Europe. Il n’y a pas un data centre jusqu’à Francfort qui compte autant d’opérateurs en son sein que ceux de LuxConnect. » Le premier défi relevé, dans la mesure où la création de son réseau international en a entrainé le développement de nombreuses connexions portées par des opérateurs privés, Luxconnect a choisi de le céder. C’est LTPO qui en a fait l’acquisition au début de l’année 2015. « Nous n’avons pas vocation à être opérateur. Nous sommes des gestionnaires d’infrastructures, que nous mettons à la disposition des opérateurs. Ce sont ces derniers qui attirent et gèrent les services ICT de leurs clients depuis nos installations », précise Edouard Wangen.

En regardant dans le rétro, le patron peut se féliciter du chemin accompli. Le travail réalisé a permis au secteur ICT de prendre corps au Luxembourg et de s’inscrire dans une réelle dynamique. « Le marché s’est réveillé, l’emploi a augmenté de manière exceptionnelle. Cela n’aurait pas été possible sans les infrastructures », précise-t-il. Actuellement, Luxconnect procède à la construction de son quatrième data centre. « Une grosse bête qui suscite déjà de l’intérêt », commente celui qui s’apprête à quitter son fauteuil de CEO. A travers ses infrastructures, Luxconnect entend répondre à une large variété de besoins. « Nous avons appris au fil du temps. Un Tier IV répond à une demande, mais n’est pas bon marché. Des acteurs de l’e-commerce sont déjà heureux de pouvoir profiter d’un Tier II. Notre nouveau data centre sera donc « multi-Tier », afin de pouvoir répondre à une large variété de besoins. »

Mission accomplie

Et ils sont nombreux à faire confiance aux infrastructures de Luxconnect. Edouard Wangen cite quelques références dans le secteur du gaming et de l’e-commerce : Kabam, OnLive, Nexon, Skype, Big Fish, eBay, Innova, Docler Holding… « Beaucoup de sociétés internationales nous font confiance », précise Edouard Wangen, qui peut céder sa place avec le sentiment du devoir accompli tout en restant confiant pour l’avenir. « Il nous faudrait idéalement encore pouvoir attirer au Luxembourg quelques acteurs majeurs, comme Apple ou Google. Il faut miser sur le e-commerce, parce que c’est le vecteur créateur de valeurs. Le Luxembourg reste attractif, avec un coût de l’énergie accessible et un cadre législatif particulièrement adapté. »

Ce dont Edouard Wangen est le plus fier, après neuf ans passés à la tête de Luxconnect, ce sont ses collaborateurs. « Ils ont accompli un travail formidable. Aucun n’a flanché face au défi. Les résultats que nous avons atteints, on les doit à toutes ces personnes qui ont eu les bonnes idées au bon moment, qui ont permis à un nouveau pilier de l’économie luxembourgeoise de voir le jour. Cela ne s’arrête pas. Il y a encore tellement de choses à faire. Le Luxembourg doit rester attentif, et être prêt à réagir, comme il a toujours su le faire. »

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