Risques de fraude et de corruption en entreprise : une incidence sur l’expansion internationale

Selon l’étude intitulée "Fraud and corruption – the easy option for growth?", conduite par EY en matière de fraude, une pression accrue sur les entreprises pour plus de croissance combinée à la volatilité des marchés peut représenter un frein à leur expansion. Des défis tels que l’instabilité géopolitique, la volatilité des prix des matières premières et des devises ainsi que les sanctions économiques poussent les entreprises et leurs dirigeants à adopter des comportements à haut risque.

May 19, 2015

Selon l’étude intitulée “Fraud and corruption – the easy option for growth?”, conduite par EY en matière de fraude, une pression accrue sur les entreprises pour plus de croissance combinée à la volatilité des marchés peut représenter un frein à leur expansion. Des défis tels que l’instabilité géopolitique, la volatilité des prix des matières premières et des devises ainsi que les sanctions économiques poussent les entreprises et leurs dirigeants à adopter des comportements à haut risque.

Selon cette étude, conduite auprès de 3.800 employés issus de grandes entreprises dans 38 pays, environ 33% des sondés font état d’une pression accrue à laquelle est confrontée leur direction lors de tentatives d’expansion dans des marchés à haut risque. Dans ces marchés, 61% des sondés considèrent la corruption comme étant largement répandue et 37% d’entre eux indiquent que les sociétés y surestiment souvent leur performance financière.

Le risque de fraude n’est toutefois pas limité aux marchés à croissance rapide . 26% des membres de la direction ayant participé à l’étude indiquent avoir eu connaissance des revenus de leur entreprise avant même la clôture de l’exercice – un type de comportement qui a d’ailleurs été au centre de nombreuses fraudes ayant fait l’actualité. En outre, 21% des sondés ont indiqué que la communication en termes de performance financière ne fait pas l’objet de transparence.

Gérard Zolt, à la tête du département Fraud Investigation & Dispute Services (FIDS) auprès d’EY Luxembourg, commente: « Les risques de fraude et de corruption existent bel et bien. Les entreprises sont confrontées à des restrictions complexes dans la manière dont elles conduisent leurs affaires, notamment avec l’évolution de régimes de sanctions et l’apparition de risques nouveaux, tels que la cybercriminalité, susceptible de bouleverser le déroulement des opérations. Les entreprises doivent être très attentives lorsqu’elles suivent des stratégies de croissance à haut risque ».

Le recours à la fraude et à la corruption : une solution de facilité pour favoriser la croissance?
Alors que la direction pourrait être tentée de prendre des risques pour accélérer sa croissance à court terme, l’étude met clairement en évidence une corrélation entre les entreprises en croissance et celles prenant au sérieux la conformité. Les entreprises sondées ayant connu une augmentation de recettes au cours des deux dernières années sont celles:

  • Le plus à même d’évaluer les standards éthiques de leur entreprise comme « très bons »
  • Le plus à même d’avoir en place ou d’avoir connaissance d’une procédure anti-corruption au sein de leur société
  • Le plus susceptible d’avoir des opérations au sein de marchés répondant aux mêmes critères éthiques.

Gérard Zolt poursuit : « notre étude démontre que 20% des employés considèrent les procédures anti-corruption comme une entrave à la croissance de leurs affaires. Nous sommes d’avis que cela ne devrait pas être le cas. Pour évoluer dans un marché à haut risque, la mise en place de contrôles et procédures adéquats est nécessaire. Vos équipes se doivent d’être formées pour ainsi faire le bon choix quand se pose la question d’avoir à payer un pot-de-vin ou de « trafiquer » les comptes. En outre, il vous faut les bons outils pour gérer l’activité de telle manière à ce que ces risques soient traités dans un délai raisonnable. Plus spécifiquement, à l’heure où le Luxembourg réaffirme son positionnement sur la scène internationale et travaille à la promotion de son image de marque, il est inconcevable que certaines entreprises basées dans le pays puissent entacher notre image à l’étranger ».

Les entreprises continuent à ne pas suffisamment se protéger

L’étude EY met en évidence l’absence de structure, même basique, visant à assurer une conformité efficace.

  • 42% des sondés indiquent que leur entreprise ne disposent pas d’une procédure anti-pot-de-vin et/ou anti-corruption ou n’en n’ont pas connaissance
  • 36% des sondés indiquent ne pas avoir suivi de formation spécifique dans ce domaine
  • 24% indiquent que leur entreprise ne dispose pas de ligne d’appel pour les « dénonciations ».

Les résultats confirment également que les institutions financières ont répondu à la très forte pression exercée par les régulateurs, les clients et d’autres intervenants. En comparaison avec d’autres secteurs, ils se concentrent davantage sur la conformité et le comportement de leurs employés. Toutefois, des lacunes subsistent : certains sondés évoluant dans le secteur financier indiquent que leur entreprise ne disposent ni de procédure anti-pot-de-vin ni de procédures anti-corruption ou bien encore d’aucune ligne d’appel pour les « dénonciations ».

Plus encore, des directeurs expérimentés ne portent pas assez d’attention aux règles de lutte contre le blanchiment, les transactions interdites ou autres manquements.

L’implication de la direction est primordiale

Les membres expérimentés de la direction ne communiquent pas tous forcément sur leur engagement en faveur de hautes valeurs éthiques. De plus, des divergences existent entre leur opinion et celle d’employés moins expérimentés : en effet, 44% des membres plus expérimentés de la direction indiquent fréquemment relayer l’importance de hautes valeurs éthiques, affirmation avec laquelle seulement 30% des autres employés sont d’accord.

Gérard Zolt conclut « les entreprises sont soumis à une forte pression pour assurer leur croissance et, dans ce marché, opérer en zone grise entre marché légal et illégal peut apparaître aux yeux de certains comme une solution viable. Néanmoins, les résultats de cette étude démontrent que cette option est un mauvais choix et que la croissance peut tout de même être atteinte en gérant de manière appropriée les risques induits par la fraude et la corruption. Une mise en conformité efficace ne constitue donc pas un obstacle à la croissance; il s’agit plutôt d’une condition sine qua non pour une réussite durable. Au Luxembourg, il serait peu judicieux pour cette économie principalement axée sur les exportations, que les faiblesses au niveau des contrôles internes menacent sa compétitivité.

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