Banque Raiffeisen, une reconstruction porteuse d’opportunités

Elu CIO of The Year 2014 par ses pairs lors du dernier Gala Golden-I organisé par ITnation, Jean-Luc Martino revient sur les nombreux chantiers et enjeux qui l’occupent depuis son arrivée à la banque Raiffeisen en tant que CIO en février 2012 : nouveau logiciel core banking, nouveau head office, nouvelle organisation IT, nouvelle présence sur le web et le mobile. Le CIO explique comment la banque coopérative se construit autour de sa nouvelle implantation et surtout de son nouveau système core banking, ainsi que la manière avec laquelle il appréhende les enjeux technologiques futurs.

February 9, 2015

Elu CIO of The Year 2014 par ses pairs lors du dernier Gala Golden-I organisé par ITnation, Jean-Luc Martino revient sur les nombreux chantiers et enjeux qui l’occupent depuis son arrivée à la banque Raiffeisen en tant que CIO en février 2012 : nouveau logiciel core banking, nouveau head office, nouvelle organisation IT, nouvelle présence sur le web et le mobile. Le CIO explique comment la banque coopérative se construit autour de sa nouvelle implantation et surtout de son nouveau système core banking, ainsi que la manière avec laquelle il appréhende les enjeux technologiques futurs. Une interview menée par Sébastien Lambotte, à retrouver dans l’ITnation Mag de décembre 2014.

Monsieur Martino, pouvez-vous nous dire ce que représente pour vous le titre de CIO of the Year 2014 qui vous a été décerné au printemps dernier ?

C’est avant tout une superbe reconnaissance, pour notre banque, son Comité de Direction, pour notre grand projet « R-GO » de bascule sur T24, toutes nos équipes IT, et puis bien sûr pour mon engagement personnel. Cette récompense a permis de donner une réelle visibilité à l’énorme travail entrepris par tout le monde au sein de la banque, aux efforts qui sont réalisés encore chaque jour afin d’améliorer le service que nous apportons à nos clients. Ce titre a par ailleurs été chaleureusement accueilli au niveau de notre Comité de Direction et de notre Conseil d’Administration, ce qui est révélateur de l’importance accordée à la fonction informatique.

Pouvez-vous évoquer les projets que vous avez entrepris depuis votre arrivée à la fonction de CIO de la banque Raiffeisen et qui, en deux ans, vous ont permis d’obtenir ce titre ? En commençant, peut-être, par la mise en œuvre du core banking T24 ?

La première mission qui m’a été confiée, quand je suis arrivé, a été d’organiser les équipes IT dans la perspective du proche démarrage de la nouvelle plateforme T24 de Temenos. A ce moment, le projet était relativement avancé. Nous étions dans la phase de tests d’acceptation par les utilisateurs. Toutefois, il est apparu que ces tests n’ont pas été tout à fait concluants par rapport à nos attentes. Le projet s’est donc poursuivi une quinzaine de mois après mon arrivée et ma mission initiale s’est rapidement transformée. J’ai souhaité monter à bord du projet et prendre la direction des différents chantiers informatiques. C’était un projet d’entreprise, dans lequel les équipes métiers étaient très impliquées. Par contre, le Département Informatique ne l’était pas suffisamment et le projet était essentiellement piloté au niveau IT par des consultants. Ma première démarche a été de prendre en charge l’encadrement des différents consultants IT et de repositionner les équipes informatiques afin qu’elles quittent le rôle de simples exécutants et se rapprochent des métiers. J’ai donc progressivement ramené les personnes qui faisaient du développement vers des fonctions plus centrées sur l’analyse fonctionnelle, en partenariat avec les utilisateurs. Ainsi elles ont été relocalisées pour travailler aux côtés des utilisateurs et non pas de manière distante. Cela s’est traduit finalement par le fait que j’ai pris la responsabilité de tous les livrables informatiques du projet et des consultants IT qui y travaillaient, ce qui est après tout la normale pour un CIO.

Quels ont été les différents aspects de ce projet d’implémentation ?

Il y en a eu plusieurs. D’abord, le vaste chantier de développement et de customisation de T24 aux besoins de notre banque. Ensuite, celui de la migration des données c’est-à-dire la bascule de l’ancien « système central » vers l’univers T24. Puis aussi la mise en place de nombreuses interfaces entre T24 et des applications périphériques. Le logiciel de Temenos est un système intégré, mais il doit communiquer avec SWIFT, la production des documents clients, avec des systèmes de reporting au niveau du Risk Management, du contrôle de gestion… Au total, il y a près d’une trentaine d’interfaces applicatives qui, quand je suis arrivé, devaient encore être finalisées et testées, sans oublier les traitements de « Close of Business », plusieurs milliers de programmes qui clôturent la journée bancaire et qui ont dû être mis au point et testés exhaustivement. Un chantier technologique a aussi été mis en place pour tester et adresser la performance et la stabilité technique de la plate-forme ainsi que la mise en place des mécanismes et procédures ITIL de production IT et de DRP.

Combien de temps et de personnes a nécessité ce projet ?

Si on exclut la phase de préparation et de démarrage, il a fallu pas moins de 3 ans et demi. Une structure très forte et professionnelle de PMO regroupant les directions métiers et IT a été mise en place sous la houlette du Comité de Direction de la banque et a permis de réussir ce projet. Il faut aussi mettre en évidence l’immense travail accompli par nos utilisatrices & utilisateurs dans le domaine des tests applicatifs ! Bravo pour leur ténacité ! En fin de projet, près de 140 personnes (Métiers + IT), au total, étaient mobilisées. Tout cela avec près de 20 nationalités différentes et le support de Temenos.

Comment est organisé votre département IT ?

Le département occupe actuellement 45 personnes en interne. Et nous travaillons avec à peu près une vingtaine de prestataires externes. Quelques spécialistes IT nous accompagnent aussi plus ponctuellement, notamment pour des missions sur les infrastructures. Notre organisation s’appuie sur trois piliers. Le premier concerne la « Business analyse », autrement dit l’analyse fonctionnelle des solutions informatiques. Le deuxième est le pilier traditionnel du développement proprement dit, avec deux axes : T24 et R-Net, notre plate-forme internet pour nos clients. Nous avons récemment développé un troisième axe autour de la Business Intelligence. A cela s’ajoute une équipe très importante baptisée « IT Operations », qui gère la production informatique et nos infrastructures techniques.

Est-ce la mise en œuvre du nouveau logiciel core banking qui a permis la modernisation de R-Net, votre interface d’e-banking ?

Indirectement oui ! La stratégie initiale était de donner la top priorité au nouveau logiciel de core banking, en remplacement d’un système développé « in-house » sur mainframe qui était en place depuis plus de 25 ans et qui était à bout de souffle ! Dans la mesure où le changement à opérer constituait déjà un défi immense, la banque a préféré ne pas y ajouter un changement de la plate-forme R-Net, ce qui était tout à fait prudent et logique. Quand je suis arrivé, j’ai pris connaissance de cette orientation et nous avons entamé un dialogue avec le Marketing : nous nous sommes dits que ce serait quand même intéressant de pouvoir moderniser R-Net « sans trop attendre » et nous avons lancé en parallèle le projet de relooking de R-Net afin de rendre les écrans et l’expérience utilisateurs plus agréable, avec une meilleure ergonomie, une meilleure navigation. Ce projet de relooking a donc été mené, en parallèle du projet T24, avec l’aide d’une société de services. Nous avons en quelque sorte créé du neuf avec de l’ancien et cela a fait mouche ! Le Go Live de T24 a eu lieu en avril 2013 avec la mise en place de la toute nouvelle organisation IT. Le nouvel R-Net a été lancé en juillet 2013 avec en bonus le nouveau logo et, dans la foulée, nous avons opéré notre déménagement dans notre nouveau siège à Leudelange. 2013 a été en quelque sorte l’année du grand chelem pour notre Banque !

Comment a été envisagée la bascule vers T24, compte tenu de l’enjeu de déménager le siège de la banque de Merl vers Leudelange plus ou moins à la même période ?

Le projet de bascule vers T24 s’est opéré avant le déménagement vers notre nouveau siège. Nous avons réalisé cette bascule le 2 avril 2013 pendant le week-end de Pâques : 4 jours de travail IT-métiers non stop 24 h sur 24 sans le moindre problème significatif ! Avant de prendre la décision irréversible (à partir d’un certain moment) de faire go live, il faut prendre conscience de la criticité de l’enjeu. Par mois, nous traitons des volumes considérables dans le domaine des paiements, des domiciliations et des opérations sur des cartes sans compter les événements multiples sur notre importante activité de crédits. Nous avions donc l’obligation de réussir et nous nous sommes organisés en conséquence. Toute notre énergie s’est donc concentrée sur ce Go Live. Et puis après, nous nous sommes organisés très rapidement pour emménager dans notre nouveau bâtiment dont la construction était en finalisation.

La migration ayant été opérée au préalable, en quoi le déménagement a-t-il pu être source d’opportunités pour le service informatique et le support qu’il peut apporter au métier ?

Le déménagement a permis de proposer des nouveaux services sympathiques au personnel, comme des printing corners, des salles de réunions équipées avec vidéo et lignes internet ou un nouveau système de paiement en interne pour notre restaurant d’entreprise et un nouveau système de pointage du temps de travail. L’environnement de travail, si l’on parle des postes individuels, est resté le même. Voilà au moins un élément qui n’a pas changé en 2013 ! Mais, cette année par contre, nous avons réalisé la migration sur Windows 7. A contrario, le design et la conception de la salle informatique ont été entièrement repensés et structurés pour répondre à toutes les exigences en matière de sécurité, climatisation et alimentation électrique. A ce niveau, ce déménagement a permis de totalement urbaniser notre salle IT avec ses composants et leurs multiples connexions et c’était bien nécessaire !

Comment s’est organisé le transfert des outils informatiques au moment du déménagement ?

Pour cette autre bascule, au niveau du déménagement, nous avons été très opportunistes en utilisant notre centre de secours. Nous avions lancé T24 en production à partir du centre informatique de Merl, dans nos anciens locaux. Nous avons transféré la production informatique de cette salle vers notre centre de secours. Tout le monde a pu continuer à travailler, les services fonctionnant depuis le centre de secours, sans le moindre incident à constater et une disponibilité de 100%. Nous avons donc pu déménager les équipements de la salle de Merl un week-end pour les remonter à Leudelange, le week-end suivant. Puis nous avons rebasculé la production du centre de secours sur les machines de Leudelange. Nous avons donc, au final, testé notre DRP en grandeur nature et avec un succès total.

C’est tout de même un moment extrêmement critique…

Effectivement, j’ai pu assister au démontage intégral de la salle informatique. A ce niveau, il faut souligner l’expertise, le sang froid et la qualité du travail de nos experts systèmes. C’est un métier très complexe. Aujourd’hui, avec l’émergence du cloud, les fonctions liées à l’infrastructure ont tendance à être banalisées. Or, pour avoir vu ce qu’était un tel chantier de démontage et de réinstallation, je peux vous dire que la réalité qui se cache derrière est d’une très grande complexité. J’ai aussi pu constater que, avec peu de gens, il était possible de faire un travail admirable de très grande qualité. Tout ce déménagement s’est opéré avec une dizaine de personnes incluant quelques spécialistes de chez IRIS, IBM et Post Telecom PSF (ex-Netcore, ndlr) qui nous ont aidés.

Aujourd’hui, après tous ces changements, comment les systèmes d’information de Raiffeisen permettent-ils de mieux répondre aux enjeux du métier bancaire et plus particulièrement ceux de votre banque?

Tout d’abord, le passage sur T24 a résolu toute une série de problématiques techniques de l’ancien système et de son infrastructure qui ont très bien servi la banque longtemps mais qui étaient arrivés simplement en fin de vie. Tous ces problèmes ont trouvé une solution avec T24 et nous disposons désormais d’une infrastructure « state of the art » avec un DRP à jour.

En termes d’architecture IT, le recours à T24 a aussi permis de simplifier considérablement le paysage par l’abandon des systèmes périphériques de gestion des crédits et des opérations interbancaires. Tous ces produits et plus spécifiquement toutes les variétés de crédits sont aujourd’hui totalement intégrés front to back dans T24.

Au niveau des métiers, le projet a délivré une interface unique au niveau des agences, où nos employés disposent désormais d’une vue globale temps réel du client avec ses opérations, ses actifs, ses encours, ses activités. A partir de cette vue globale, ils peuvent réaliser directement la saisie des différents types d’opérations. Nous disposons donc désormais d’un système qui est totalement intégré au niveau du traitement des opérations et de la production des documents clients. Le système est aussi globalement beaucoup plus convivial avec une interface utilisateur de type intranet.

Nous avons aussi mis en place des documents « clients » modernes générés à partir de T24. Dans ce domaine, la plateforme nous a permis de faire notre rebranding à un coût très marginal et en un temps record (moins de 2 mois). En matière de gestion patrimoniale et de traitement des titres, T24 propose un set intéressant de fonctionnalités qui sera encore amélioré dans les mois à venir. La plateforme offre clairement un potentiel de fonctionnalités et une grande flexibilité.

En quoi cette plateforme vous rend-elle plus agile aujourd’hui ?

Cette plateforme nous offre une base de départ pour de nouvelles aventures, pour de nouveaux projets. Après le Go Live de T24, début avril 2013, nous avons vécu 9 mois en post Go Live, dans un mode de fonctionnement où nous avons traité au fil de l’eau les différents problèmes qui se posaient en production. Il est important de noter que depuis le GO Live, la plateforme est disponible à 100% et est très stable. Nous avons commencé à travailler sur le plan de projets pour 2014 à partir du dernier trimestre de 2013, ce qui est un exploit ! Vous subissez en quelque sorte une opération à cœur ouvert et, six mois plus tard, vous commencez à penser à développer d’autres projets plus modestes sans doute mais tout aussi vitaux pour la banque, pour répondre aux nouvelles demandes, ou développer ce qui n’a pas pu être réalisé plus tôt à cause d’arbitrages de projet favorisant le Go live. Sur l’année 2014, nous avons pu entamer et mener une petite trentaine de projets, c’est un résultat inespéré puisque pas mal d’entre eux ont été délivrés et le reste suivra début 2015. Notre nouvelle plateforme T24 est en quelque une « arme technologique» qui nous permet de bouger, d’évoluer.

Quelle relation le département IT entretient-il avec le métier ?

Quand on travaille avec un progiciel comme celui que nous avons mis en place, l’avantage est qu’il vous offre des solutions de base « in a box » qui doivent être customisées. Mais cela a aussi des inconvénients, notamment lorsqu’on commence à confondre les besoins et les solutions, ce qui conduit le plus souvent à développer des solutions les unes à côté des autres. Pour éviter une complexification de l’architecture, nous avons souhaité, depuis début 2014, créer un réel partenariat entre les métiers et l’informatique, avec le métier qui se concentre sur l’expression des besoins, et l’informatique qui, de son côté, doit proposer des solutions. L’enjeu est de partir des besoins et de permettre un réel dialogue entre les deux fonctions. Il faut faire parler les gens pour bien comprendre leurs besoins… Je pense que, à ce niveau, nous avons bien progressé et que cela continuera encore. C’est enthousiasmant : notre banque construit son futur autour d’une nouvelle implantation moderne favorisant le travail en équipe et en s’appuyant sur son nouveau système informatique.

Comment la position de l’IT a-t-elle évolué dans le rôle de la banque, vis-à-vis du métier ?

L’intégration de la nouvelle plateforme a profondément changé la relation entre l’informatique et les utilisateurs. Elle a rapproché les deux parties. Par le passé, le Département Informatique, avec les développements qu’il décidait ou non de réaliser au niveau du système central, avait un pouvoir très fort en termes de gouvernance, dans l’orientation des solutions mises en œuvre, sur la faisabilité des projets… Les utilisateurs étaient probablement moins impliqués qu’aujourd’hui. Ici, nous sommes dans une relation beaucoup plus ouverte, parce que les utilisateurs ont participé au projet, connaissent la plateforme. Un dialogue s’installe entre les utilisateurs et l’informatique pour faire évoluer les systèmes, les améliorer et les mettre au service du métier. Il y a donc une interactivité très forte et continue avec l’utilisateur. Cela permet aussi de faire prendre conscience à la banque de l’importance de son système informatique.

Comment l’informatique, justement, permet-elle de faire évoluer la banque, de répondre aux enjeux de la transformation digitale ?

En théorie, c’est simple : l’IT doit permettre de mieux servir les clients, de développer de nouveaux produits, de rencontrer les nouvelles exigences réglementaires et donc d’accompagner en permanence l’évolution de la banque.

En pratique, un cas concret réside dans la mise en œuvre des Avantages OPERA de notre banque. Il s’agit d’un programme de fidélisation de nos clients, qui récompense nos clients sociétaires (Raiffeisen est une banque coopérative, ndlr) en fonction de leur activité bancaire, leur octroyant des points qui, accumulés, permettent d’obtenir des réductions sur nos produits. C’est un système novateur, qui a nécessité une réelle mobilisation des équipes commerciales, marketing, comptables, juridiques et IT. Aujourd’hui, l’IT contribue donc aux côtés des métiers à la création de la valeur, permettant le développement de nouveaux services, d’améliorer les processus … Autre exemple, le développement de notre « app » R-Net mobile permettant à nos clients de travailler avec notre banque sur la majorité des smartphones et tablettes. Cela répond à une transformation des habitudes de nos clients et à notre stratégie de modernité.

Comment est appréhendé le développement de tels projets, qui impliquent de mobiliser plusieurs départements en lien avec l’IT ?

Cela implique en effet de pouvoir collaborer avec les différents métiers, pour que puissent s’établir des réels partenariats entre chacun des départements de l’IT. Pour y parvenir, il faut qu’il y ait un respect mutuel entre les acteurs qui travaillent les uns pour les autres, mais aussi un scope de responsabilités bien déterminé pour chacun via une nouvelle méthodologie de projets. Ce qui est fondamental, encore une fois, c’est l’expression des besoins. Et de voir comment y répondre sans complexifier à outrance l’environnement applicatif. Cette complexification doit pouvoir être maîtrisée et c’est là l’un des principaux enjeux de l’informatique. Aujourd’hui, une banque qui ne maîtrise pas son informatique est une banque qui est en position de faiblesse. A côté de la finance, qui offre une vision transversale sur les chiffres de l’organisation, l’IT offre une vision transversale sur les processus, les produits, les activités, la tarification, la comptabilité, les reportings… Les gens qui participent aux activités informatiques bénéficient d’une vision très large sur le développement de leur entreprise et peuvent réellement y apporter leur contribution.

Le département IT doit répondre aux besoins, mais est-il aussi moteur des innovations à mettre en œuvre dans la banque ?

Oui. L’idée est d’être le moteur par rapport aux possibilités d’amélioration des processus et des services. Il y a une implication forte de l’informatique qui est toujours orientée « solution ». Pour le programme OPERA, l’informatique a dû se mobiliser, prendre des risques. Il en a été de même dans le mobile. Nous devons aussi challenger nos utilisateurs, comme eux-mêmes, ils doivent nous pousser à aller plus loin, dans le respect mutuel et la bienveillance de chacun.

Quels sont vos nouveaux projets et chantiers pour les mois à venir ?

Nous avons déjà délivré pas mal de choses cette année : Au-delà des projets évoqués, nous avons délivré le STP des ordres de bourse, FATCA, la fiscalité de l’épargne. Nous avons aussi lancé le projet de datawarehouse, qui verra le jour dans le courant du premier trimestre 2015, avec les premiers reportings. R-Net desktop a connu plusieurs évolutions dont la saisie multiple des paiements. Voilà, cette année 2014 est passée à la vitesse de l’éclair…

Et pour 2015 ?

C’est prématuré d’en parler car nous sommes dans le processus d’évaluation des idées de projets. Il y en a pas mal et il faudra donc faire des choix. Nous aurons sans doute de beaux objectifs, et probablement un projet de refonte de notre plateforme R-Net. Le revamping de la version desktop et la mise à disposition de la version mobile étaient, jusqu’à présent, des initiatives tactiques bien perçues par notre clientèle. Aujourd’hui, nous voulons vraiment voir cette plateforme web évoluer, avec une meilleure ergonomie, et puis aussi avec, si possible, le temps réel dans la tenue des positions. La future version de R-Net va aussi nous permettre d’améliorer encore l’image de la banque, sa modernité avec des interfaces clients attractives et, sympathiques pour inviter le client à y recourir, à y revenir et à s’y sentir bien et tout cela sans oublier de soigner les fonctionnalités. Nous allons aussi faire le point sur nos solutions actuelles de gestion électronique des dossiers et documents clients et examiner comment les compléter, les améliorer. Le projet de datawarehouse va sans aucun doute se poursuivre tout au long de l’année 2015. Il y aura un premier lot qui va adresser l’analyse des activités commerciales. Puis il y aura d’autres lots qui se mettront en place de manière successive. Enfin, nous recevons d’autres demandes pour développer des fonctionnalités de CRM pour nos commerciaux. Fonctionnalités, qui heureusement, pourront être intégrées directement au niveau de T24.

Voilà un programme bien chargé. Est-ce simple de coordonner autant de projets de manière simultanée ?

C’est avant tout un travail d’équipe et un défi passionnant partagé par de nombreuses personnes des métiers et de l’IT. Un comité opérationnel des projets est organisé trimestriellement au niveau de tous les responsables de département pour suivre et orienter le plan consolidé des projets.

Nous récoltons aussi les fruits liés à l’adoption d’une architecture IT simple par rapport à d’autres banques. Chez nous, désormais, tout est dans T24. C’est un avantage important.

Parlons des enjeux du secteur bancaire face aux développements technologiques. On voit de nouveaux acteurs émerger dans le paiement, au niveau de la banque… On peut citer PayPal, Yapital, de nombreuses plateformes de paiements en ligne, mais aussi des développeurs de solution comme Digicash ou Flashiz, pour citer des acteurs luxembourgeois. Avec derrière, pour la banque, un risque inhérent à la désintermédiation. Comment appréhendez-vous ces enjeux ?

C’est un réel enjeu. Il y a une certaine attente des clients de pouvoir profiter, auprès de leur banque, de nouveaux moyens de paiement, de facilités nouvelles portées par la technologie. Nous restons donc vigilants à pouvoir les délivrer, le cas échéant. Mais je pense aussi qu’il faut rester les pieds ancrés dans la réalité. Ces évolutions technologiques ne constituent pas la raison principale pour laquelle nos clients nous font confiance. Je pense que si un client vient voir notre banque, c’est pour nos valeurs de proximité, d’engagement, de dynamisme, de professionnalisme, de respect. Ce sont ces valeurs que nous continuons à développer, en y intégrant une dimension de modernité, avec ce nouveau bâtiment, nos agences et nos nouvelles apps. C’est autour de ces valeurs que nous entendons positionner nos services bancaires de qualité avec une relation de proximité envers le client. Nous sommes loin du monde totalement digitalisé où tout est finalement « déshumanisé». Mais vous avez raison, cela ne doit pas nous empêcher d’être habiles et opportunistes avec ce genre de technologies, afin de pouvoir proposer, quand cela s’impose, de nouvelles solutions innovantes.

Le monde de la banque est-il en capacité d’intégrer suffisamment rapidement les innovations digitales qui feront la différence? Comment cela se gère-t-il?

Nous sommes très attentifs à l’émergence de ces nouvelles technologies de paiements, mais aussi aux outils digitaux qui pourraient constituer de nouveaux relais de croissance pour la banque. Devant la multitude d’opportunités qui se présentent à nous, notre stratégie est de les adopter au moment opportun. Nous avons une taille qui ne nous permet pas d’expérimenter de manière systématique toutes les nouveautés. Mais nous restons vigilants par rapport aux opportunités portées par les technologies qui voient le jour. Nous avons des projets novateurs, mais sélectifs. Nous ne sommes que rarement early adopter. Il nous faut donc être opportunistes, et travailler sur des projets qui créent de la valeur, qui font du sens au cœur de notre stratégie. Il faut aussi bien mesurer le risque technologique. Mais il est clair qu’à l’avenir, la croissance future passe aussi par une bonne intégration des technologies qui comptent.

Comment les opportunités qui se cachent derrière le concept de « Big Data » pourraient-elles servir une banque comme la vôtre ?

Grâce à T24, nous disposons de pas mal de volumes d’informations sur notre activité commerciale et opérationnelle. Ce sont des volumes d’informations considérables dont il faut pouvoir tenir compte pour créer de la valeur et nous améliorer. C’est ce que nous allons faire avec la mise en place de technologies de datawarehouse. Pour nous, cela revêt une réelle importance. Le concept de « Big Data », lui, peut être vu comme du datawarehouse à une plus large échelle, intégrant des sources d’information multiples, internes et externes, pour les recouper, les analyser. A ce niveau, cela ne fait pas partie de nos premières priorités de demain. Mais, dans d’autres contextes, pour des banques plus grandes, sur des marchés plus conséquents, cela commence à émerger. Il est clair, toutefois, que les outils de Business Intelligence permettent aujourd’hui d’explorer les données pour en ressortir de l’information valorisable.

On évoque souvent le manque de compétences, sur la Place de Luxembourg, pour répondre aux enjeux de développement du secteur IT. Partagez-vous cette impression ?

Pour ce qui nous concerne, nous avons une équipe bien en place et nous n’avons pas de mal à trouver les bonnes compétences qui sont ravies de rejoindre une banque locale dynamique à taille humaine. Globalement, il y a énormément de personnes très qualifiées sur la Place qui a développé un savoir-faire mixte métiers-IT. Il faut aussi avoir conscience que des activités IT partent vers l’étranger. Dès lors, des gens qui ont acquis de très grandes compétences IT peuvent devenir disponibles pour rebondir dans d’autres banques, ou dans d’autres secteurs. Que l’on envisage l’IT dans sa conception classique ou moderne (start-up, nouveaux services IT), on a tout ce qu’il faut sur place, en termes de compétences et d’infrastructures, pour faire de grandes choses à Luxembourg.

Dans vos développements, avez-vous envisagé des possibilités d’externalisation ?

Non. Nous avons quelques contrats de sous-traitance ciblés, notamment pour l’impression des documents clients. Nous jugeons que ce n’est pas le métier de la banque d’imprimer des documents clients. Pour ce qui est relatif à la sécurité des flux Internet, nous nous appuyons aussi sur des compétences extérieures spécialisées. Cela nécessite des expertises précises que nous ne pouvons pas développer ou maintenir dans la durée en interne. Au niveau infrastructure, nous travaillons avec des sociétés spécialisées qui nous aident à faire évoluer nos architectures techniques mais il ne s’agit pas d’externalisation. Pour le reste, l’informatique et ses processus sont intimement liés au fonctionnement opérationnel de la banque et à son évolution commerciale. Il est indispensable de pouvoir maîtriser cela avec un département IT proche des métiers.

Que pensez-vous de l’initiative Digital Lëtzebuerg lancée par le gouvernement ?

C’est très intéressant. Il y a beaucoup de choses qui se font, ici à Luxembourg, et ce n’est parfois pas facile de s’y retrouver, tellement cela foisonne d’initiatives. J’espère que celle-ci va parvenir, effectivement, à mieux fédérer les acteurs afin de mieux positionner le secteur IT luxembourgeois, et peut-être parvenir à combattre cet exode de fonctions informatiques vers d’autres pays, assurer un meilleur développement des compétences locales, ainsi que de l’offre de services en permettant le partage de solutions sur des problématiques communes.

Que pouvons-nous vous souhaiter pour 2015 ?

De continuer dans ce contexte dynamique à faire évoluer le paysage IT de notre banque en répondant à ses besoins d’évolution commerciale et opérationnelle. Un enjeu important sera d’amener le Département Informatique et nos équipes vers le palier suivant dans l’échelle de la maturité IT sans perdre notre âme. Depuis le 2 avril 2013, nous nous sommes reconstruits dans un tout nouveau contexte. Cela ne fait donc même pas 2 ans… Nous sommes encore très, très … jeunes ! Dès lors, il faut continuer à se structurer et à renforcer notre efficacité. C’est notamment pour cette raison que nous avons décidé d’optimiser toutes les activités informatiques grâce à un contrôle interne « intelligent » de nos processus pour les rendre plus efficients et réduire les risques. La démarche a été lancée progressivement depuis juillet avec tous les managers IT et cette démarche se poursuivra en 2015 avec des améliorations en continu de nos processus et méthodes.

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