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Ama Mundu Technologies au secours de l’eau

L’eau, ressource si précieuse, se raréfie. En 2035, le Grand-Duché pourrait ne plus pourvoir à ses besoins en eau potable. La société Ama Mundu Technologies, créée en 2015, tente d’endiguer le phénomène grâce à ses solutions innovantes de recyclage écologique et économique de l’eau. Plongée dans les coulisses d’une start-up « made in Luxembourg ».

December 16, 2020

Vincent Popoff, le CEO d’Ama Mundu Technologies

A l’horizon 2035, au regard du développement socio-économique et de l’industrialisation du pays, le Luxembourg pourrait ne plus pourvoir à ses besoins en eau potable. Face à ces prévisions alarmantes et ce constat de raréfaction de l’eau, la société Ama Mundu Technologies, implantée depuis peu à Dudelange, a développé une technologie capable d’endiguer le phénomène. Créée en 2015, Ama Mundu Technologies a en effet mis au point une solution de nano-filtration innovante permettant un recyclage écologique et économique de l’eau. « L’eau est toujours considérée comme une ressource à usage unique. On la prélève, on l’achemine vers l’utilisateur. Une fois utilisée, l’eau usée doit être traitée pour finalement être rejetée dans la nature, explique Vincent Popoff, le CEO d’Ama Mundu Technologies. Ce mode d’exploitation, coûteux et énergivore, atteint ses limites. Il est primordial d’envisager d’autres modèles. » Le nouveau modèle proposé par Vincent Popoff vise à inscrire cette ressource dans une économie circulaire et durable. « Grâce à notre technique de filtration, il est désormais possible de recycler l’eau comme on revalorise de nombreuses autres matières de la vie quotidienne, tels que le verre ou le papier. L’eau de qualité récupérée peut ensuite être directement réutilisée localement », poursuit le CEO.

Une solution pour l’agriculture, l’industrie et les collectivités

Concrètement, Ama Mundu Technologies développe des unités compactes et autonomes de recyclage d’eau. Cette technologie peut s’avérer efficace dans de nombreux domaines. Au sein d’un éco-quartier, par exemple, une unité installée par Ama Mundu permet de capter les eaux grises des ménages et de les recycler en séparant, d’une part, une eau de qualité́ réutilisable et, d’autre part, une fraction résiduelle valorisable sous forme d’engrais ou d’énergie. Cette eau recyclée peut alimenter localement les chasses d’eau, machines à laver ou encore les systèmes d’arrosage… Un Luxembourgeois utilise en moyenne 200 litres d’eau par jour. Sur cette quantité, seulement 2 % sont consommés à des fins alimentaires. Les 196 litres d’eau usée restants finissent dans les canalisations. Un gaspillage contre lequel l’entreprise luxembourgeoise entend lutter farouchement. Son système écologique et économique permet en effet de récupérer et de réutiliser avantageusement jusqu’à 90% des eaux usées. « À Anvers, par exemple, les eaux usées des cuisines d’un restaurant au sein d’un éco-quartier sont recyclées par l’une de nos unités, mise en place conjointement avec la régie des eaux de la ville. Cette eau est purifiée grâce à notre technologie de filtration mobile, explique Vincent Popoff. Dans le cadre d’une expérience sociale, cette eau rendue potable est ensuite proposée à la clientèle. »

Les secteurs de l’agriculture et de l’industrie peuvent également avoir recours aux technologies d’AMT. Les besoins en eau dans l’industrie représentent à eux seuls 20 % de la consommation mondiale d’eau. L’enjeu est donc de taille pour ces entreprises qui, en plus de pouvoir faire des économies, pourraient s’affranchir des grands réseaux de canalisation et ainsi réduire la pression sur ceux-ci.

Fage, l’exemple parfait

Certaines industries ont d’ailleurs bien pris la mesure de ces enjeux. L’usine Fage, dont le déménagement au Luxembourg, sur le site de Wolser 2, non loin d’Ama Mundu Technologies, est finalement tombé à l’eau fin septembre, était par exemple intéressée par les solutions de la start-up. Il faut dire que les besoins journaliers en eau potable pour le producteur de yaourts grecs étaient estimés à 2.500m3, soit le double de la consommation quotidienne des habitants de Bettembourg ! Un volume colossal qui a fait grincer des dents, jusque dans les plus hautes sphères politiques du pays. Au point même d’être l’une des raisons principales à l’échec de ce dossier. « Nous avions proposé notre solution aux équipes de Fage, avoue le CEO. Notre unité mobile de recyclage de l’eau aurait pu répondre à de nombreux problèmes de l’entreprises. » Mais d’autres industriels, dont les besoins en eau peuvent être colossaux pourraient être séduits, dans un futur proche par les solutions d’Ama Mundu.

Une production « made in Luxembourg »

La principale raison pour laquelle la start-up a décidé de s’implanter dans le zoning industriel de Dudelange est qu’elle commençait à se sentir à l’étroit dans ses anciens locaux. Car depuis sa création , en 2015, de l’eau a coulé sous les ponts d’Ama Mundu Technologies, qui a gagné en maturité et acquis en notoriété, au-delà de ses propres frontières. « Nous sommes dans une période où la start-up commence à devenir une société plus expérimentée », assure Vincent Popoff. Symbole de cette professionnalisation et de cette croissance, AMT a décidé d’ouvrir une ligne de production au Grand-Duché. « Jusqu’à présent, la production des systèmes de filtration, le cœur de notre technologie, était confiée à notre filiale Nereus, dans le sud de la France. Nous sommes fiers de dire que nous faisons désormais du « made in Luxembourg. » C’est un argument de vente supplémentaire pour nous, car les gens sont très attachés à cela. Lorsque l’on fait du démarchage pour nos produits, la question du « made in Luxembourg », revient souvent sur la table. » Une table sur laquelle on pourrait bientôt trouver de l’eau recyclée par Ama Mundu Technologies.

 

[toggle title =”Une solution face au COVID-19“]Durant la crise sanitaire, de nombreuses études ont démontré la présence du COVID-19 dans les eaux usées des grandes villes, aux quatre coins du monde. A Luxembourg, ce constat a également été dressé. « Les stations d’épuration actuelles n’ont pas du tout été conçues pour éliminer les pathogènes tels que les virus », rappelle Vincent Popoff. En raison de la faible résistance du virus dans l’eau, cela n’a heureusement pas porté à conséquence. Toutefois, il est possible qu’un futur virus, peut-être plus dangereux, plus contagieux et plus résistant encore, fasse son apparition et déclenche une nouvelle vague de contamination. La survie de ce virus dans l’eau pourrait avoir des conséquences graves pour la population. C’est la raison pour laquelle il est impératif de traiter correctement l’eau avant de la redistribuer dans le milieu naturel. Les technologies d’Ama Mundu pourraient répondre à cette problématique. « La particule virale du COVID-19 mesure entre 60 et 200 nm. La technologie d’Ama Mundu repose sur un dispositif innovant de filtration avec une porosité de 5 nm permettant ainsi d’éliminer efficacement ces particules ainsi que tous les autres pathogènes, comme les virus ou les bactéries. » [/toggle]

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