Contribuer à l’émergence d’un cloud de confiance européen

Dans une Europe compartimentée, on peine à voir émerger une offre Cloud qui puisse rivaliser avec celles des géants américains. Les échecs d’initiatives souveraines portées au niveau d’États, notamment en France, démontrent que le repli sur soi national est suicidaire et que la seule alternative viable est d’œuvrer ensemble à l’échelle du continent européen dans le cadre de la création d’un « single digital market ». EBRC, à son niveau, entend contribuer au développement de solutions pour une clientèle internationale, en misant sur l’activité de niche qu’est la gestion de l’information sensible, permettant de créer de la valeur.

December 7, 2015

Dans une Europe compartimentée, on peine à voir émerger une offre Cloud qui puisse rivaliser avec celles des géants américains. Les échecs d’initiatives souveraines portées au niveau d’États, notamment en France, démontrent que le repli sur soi national est suicidaire et que la seule alternative viable est d’œuvrer ensemble à l’échelle du continent européen dans le cadre de la création d’un « single digital market ». EBRC, à son niveau, entend contribuer au développement de solutions pour une clientèle internationale, en misant sur l’activité de niche qu’est la gestion de l’information sensible, permettant de créer de la valeur.

Par Sébastien Lambotte pour l’édition ITnation Mag Octobre 2015

« L’ambition d’un Trusted Cloud Europe, nous l’avons concrétisée avec des services autour du Cloud qui sont rentables. »

La création d’un « single digital market » est l’une des priorités de la Commission Européenne. Elle constitue une réponse à l’omniprésence des géants améri- cains, et notamment du GAFA : Google, Amazon, Facebook et Apple. « Ces acteurs donnent parfois le sentiment d’être au-dessus des lois de nos États. Ces géants nous imposent leur business model, qui s’appuie essentiellement sur la monétisation des données privées, avec les dangers que cela peut engendrer », précise Yves Reding. Le CEO d’EBRC souligne toutefois les difficultés que connaît l’Europe.

à proposer une alternative à l’offre des grands acteurs américains, notamment en matière de Cloud. « Les échecs récents de Cloudwatt et Numergy, deux initiatives de création d’un Cloud souverain français, sont significatifs des déficiences dont souffre l’Europe digitale morcelée. Ils démontrent la difficulté qu’ont les acteurs européens à se fédérer ou à construire une offre pertinente à l’international. »

Le développement d’un marché digital en Europe constitue pourtant une nécessité absolue. « Il doit nous permettre de rester compétitifs, mais aussi de préserver les droits et les intérêts de nos concitoyens et entreprises, notamment en matière d’utilisation de données personnelles. Or, actuellement, on parle plutôt de 28 marchés différents, chacun avec ses règles et son mindset. Au niveau de l’Europe, tout est à construire. » Tout au plus, peut-on se réjouir d’une prise de conscience après l’affaire Snowden.

« Il faut compter sur la volonté de représentants de la Commission Européenne mais également de nombreux parlementaires et gouvernements d’avancer en la matière, notamment par l’adoption de décisions contrevenant aux ambitions, parfois insidieuses, des géants du e-Business. » On peut citer le vote par le Parlement Européen d’un rapport proposant la suspension du Programme « Safe Harbor », qui régule les flux des données personnelles entre l’Europe et les États-Unis, et la négociation d’un nouveau règlement européen sur la protection des données personnelles (GDPR). Ou encore les conclusions récentes de l’avocat général de la Cour de justice européenne, qui estime qu’un État membre devrait pouvoir suspendre le transfert de données d’abonnés au réseau social Facebook vers des serveurs aux États-Unis, au motif que la surveillance exercée par les services de renseignement américains est « massive et non ciblée », ce qui constitue une violation des droits fondamentaux en Europe.

Internationaliser son cloud à partir d’une niche

« Dans le marché globalisé des données, dominé par les grandes nations et acteurs de l’Internet, le Luxembourg est le Petit Poucet, de par sa taille ou son poids, mais il a une carte à jouer. EBRC s’est inscrit dans une démarche d’internationalisation, en restant sur la niche qu’il occupe depuis plusieurs années, à savoir la gestion de l’information sensible, sujet qui justement préoccupe les autorités et auquel sont attentives à la fois les entreprises et les concitoyens. Il y a quatre ans, nous avons lancé notre offre et concept “Trusted Cloud Europe”. Ce même nom a été adopté en mars 2014 par la Commission Européenne dans l’affirmation de ses priorités en matière digitale », commente Yves Reding. EBRC, dans une logique entrepreneuriale, entend se développer sur les territoires francophones européens dans un premier temps, la France, la Belgique et la Suisse, avant de voir plus loin. « Cette ambition, nous l’avons concrétisée avec des services autour du Cloud qui sont rentables, dont le chiffre d’affaires dépasse ceux des initiatives françaises évoquées, avec des moyens qui, en comparaison, apparaissent comme dérisoires. »

Créer de la valeur sur les couches supérieures

Pour Yves Reding, il est utopique d’attaquer les offres des géants du e-Commerce de manière frontale. « En s’appuyant sur notre expertise, avec une offre de valeur unique, mieux vaut rester agile, être en capacité de rebondir et de saisir les opportunités. » Si EBRC appuie une partie de ses services sur une infrastructure mutualisée (IaaS), c’est pour mieux proposer des solutions dans les couches supérieures du Cloud, avec des offres de Platform-as-a-Service (PaaS) ou de Software-as-a-Service (SaaS).

« Les grands acteurs du e-Commerce offrent principalement de l’IaaS, de la ressource informatique matérielle, globalisée et uniformisée, avec des conditions générales imposées et non négociables… Nous aurons du mal, en Europe, à rapidement faire émerger, dans le même esprit, des offres concurrentielles. Par contre, dans les couches supérieures ou dans une gamme de services visant la qualité et la proximité, nous pouvons faire la différence. »

Par exemple, avec son partenaire InTech, EBRC a créé une plateforme s’adressant notamment à des acteurs de type start-up ou spin-off de grands groupes. « Baptisée “Trusted Cloud Factory”, elle offre la possibilité de mettre en œuvre une idée sur papier en permettant le développement d’applications et la mise en production très rapide d’un service qui pourra facilement être distribué à travers l’Europe », commente Yves Reding. Ainsi, une vingtaine d’acteurs FinTech, entre autres, ont pu développer leur activité en s’appuyant sur l’offre d’EBRC et adressent désormais leur service au marché depuis le Luxembourg. Au niveau des offres Software-as-a-Service, EBRC met sur pied avec des partenaires et des éditeurs de logiciels, des solutions Cloud innovantes à destination du secteur financier, et cela dans un environnement hyper sécurisé, de type PCI-DSS Level 1, agréée par Visa et MasterCard. EBRC propose ainsi des solutions « Portfolio Management System » ou un « Payment Hub », véritable usine de transformation de messages.

Investir dans les pays voisins

Toutefois, Yves Reding reconnaît que, en Europe, convaincre des acteurs sur les marchés des États voisins n’a rien d’évident. « Pour l’instant, l’état d’esprit, c’est le repli sur soi mais il faut le combattre ! » C’est la raison pour laquelle EBRC s’est inscrit dans une logique d’investissements à l’étranger. « Depuis le Luxembourg, nous avons l’opportunité d’adresser l’ensemble du marché européen. Seulement, à défaut de marché unique, il nous faut développer une présence sur les divers marchés nationaux. Nous avons donc décidé d’investir en France, où une succursale est en cours de création, et où nous avons accompagné un acteur finan- cier qui a obtenu la 1re certification Tier IV en France pour son data centre. Pour percer dans un très grand marché comme l’Hexagone, il faut devenir français. Ainsi, nous cherchons à nous associer à des acteurs locaux partageant notre approche pro-européenne, dans une optique win-win. » De cette manière, EBRC, inscrit dans une dynamique entrepreneuriale concrète, poursuit son développement à l’échelle internationale.

« Nous entendons grandir avec nos clients, précise Yves Reding. Des clients nationaux désirent que nous les accompagnions dans leur développement à l’étranger. D’autre part, nous recherchons des clients des États-Unis, du Moyen-Orient ou d’Extrême-Orient souhaitant s’installer en Europe. Notre challenge est de les attirer au Luxembourg, de les convaincre qu’il s’agit de la meilleure place pour servir l’ensemble du marché européen. »

Pour monter en puissance, tout en offrant une plus grande flexibilité à ses clients, EBRC dispose aussi de partenaires certifiés pouvant mettre à sa disposition de plus grandes capacités de traitement à une échelle européenne. « Ce qui nous intéresse, c’est le développement de l’activité autour d’un service à haute valeur ajoutée et autour des enjeux de gestion de la donnée sensible. C’est là que nous créons de la valeur, plus que sur la mise à disposition de ressources IT. Cela dit, il faut que nous puissions offrir à nos clients la garantie qu’ils pourront, en profitant de l’excellence de nos services, mobiliser rapidement d’importantes ressources, pour une durée limitée et sans contraintes importantes. »

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