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Et si le Luxembourg suivait la voie (digitale) tracée par l’Estonie ?

Pays partenaire de l’édition 2018 des Luxembourg Internet Days, l’Estonie est un pays qui a poussé la digitalisation de ses services publics à un très haut niveau. Sandra Särav, Global Affairs Director auprès du CIO du gouvernement estonien, a profité de l’événement pour expliquer les différentes initiatives lancées dans ce pays Balte au cours des dernières années. Tout en soulignant les liens forts qu’il entretient avec le Luxembourg.

November 16, 2018

Sandra Särav & Xavier Bettel, Prime Minister

Ambitieuse, l’Estonie veut devenir « the coolest digital society ». « Cool » ou pas, ce pays balte d’une superficie modeste, qui partage une frontière avec la Russie, a en tous les cas réussi à digitaliser la quasi-totalité de ses services publics en l’espace de quelques années. « Plus de 99% de nos services publics sont disponibles en ligne. On ne peut pas encore mourir digitalement, mais nous y travaillons », s’est ainsi amusée Sandra Särav Global Affairs Director auprès du CIO du gouvernement estonien, lors de son intervention, ce mardi, aux Luxembourg Internet Days. En réalité, trois services sont encore indisponibles en ligne pour les Estoniens : se marier, divorcer et vendre sa maison. « Plus sérieusement, nous voulons vraiment continuer à développer la digitalisation de nos services, poursuit Sandra Särav. Il est donc possible que ces actes encore indisponibles en ligne le soient dans les prochains mois, les prochaines années. »

 

La confiance, un ingrédient indispensable

Les chiffres concernant la digitalisation de nombreux services en Estonie sont impressionnants : 97% des données médicales et 99% des prescriptions médicales sont digitalisées, 98% des Estoniens ont une carte d’identité digitale sur laquelle se trouvent également leur permis de conduire, les assurances voiture, etc. Dans ce pays, il est possible de faire sa déclaration d’impôts en ligne depuis 2000, mais aussi, depuis 2005, de voter sur internet, depuis son propre appareil. « Non seulement ces services existent, mais ils sont aussi largement utilisés par la population. Une raison très simple permet d’expliquer un taux d’adoption élevé : les Estoniens ont confiance dans les solutions digitales que nous leur proposons, affirme Sandra Särav. Pour gagner cette confiance, nous avons mis en place un système transparent et cloisonné. Par exemple, si vous êtes arrêté par la police et que celle-ci prend votre carte d’identité pour vérifier que votre assurance est en ordre, vous pourrez voir quelles informations ont été consultées en vous connectant à notre interface publique. En l’occurrence, la police ne peut accéder qu’aux données qui la concernent. Il en va de même pour les professions médicales, qui ne peuvent accéder qu’aux données médicales digitalisées. »

 

Une ambassade numérique au Luxembourg

Voisine de la Russie, l’Estonie vit encore dans la crainte de son gigantesque voisin. Pour parer à toute éventualité, le pays s’est accordé avec le Luxembourg pour y héberger une ambassade numérique. Les données les plus confidentielles et les plus importantes que possède l’Estonie sont ainsi stockées dans un centre de données luxembourgeois TIER IV, qui offre les garanties de sécurité les plus élevées. En outre, cette salle de serveurs bénéficie également d’une protection diplomatique. « Cela signifie que notre pays, hautement digitalisé, pourra encore fonctionner même si son intégrité territoriale est menacée, explique Sandra Särav. On pourrait même imaginer de recréer le pays, au départ des données conservées au Luxembourg, dans un coin de désert australien, par exemple. »

Le choix du Luxembourg pour implanter cette première « data embassy » au monde allait de soi pour les autorités estoniennes. « Le Luxembourg est un allié évident dans le secteur digital. Comme nous, il fait de la sécurité et de la confiance des citoyens et des entreprises envers l’environnement digital une vraie priorité. Nous avons une vision des choses qui est vraiment complémentaire », conclut Sandra Särav. Avec tous ces atouts, il ne reste plus au Luxembourg qu’à suivre la voie digitale tracée par l’Estonie. C’est un chantier conséquent auquel devra très certainement s’atteler le prochain gouvernement.

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