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HOST : « Se réinventer au travers des start-up »

Le 1er juin dernier était inaugurée la toute nouvelle House of Startups (HOST). Au cœur de Luxembourg, dans des espaces spécialement aménagés pour accueillir les acteurs entrepreneuriaux, sont désormais rassemblés quelques-unes des structures d’accompagnement les plus prolifiques. Réel moteur de l’écosystème entrepreneurial au Luxembourg, la HOST veut attirer des start-up, soutenir leur développement et favoriser la création de nouvelles synergies au service du développement économique national. Rencontre avec Karin Schintgen, CEO de la House of Startups.

October 24, 2018

Karin Schintgen, CEO – House of Start-Up

Réel moteur de l’écosystème entrepreneurial au Luxembourg, la HOST veut attirer des start-up, soutenir leur développement et favoriser la création de nouvelles synergies au service du développement économique national. Rencontre avec Karin Schintgen, CEO de la House of Startups.

Karin Schintgen, pouvez-vous nous expliquer ce qui a conduit à la création de la HOST, cette structure exceptionnelle dédiée aux startups à Luxembourg ?

En créant la HoST ,l’idée première de la Chambre de Commerce était de mieux promouvoir l’écosystème start-up comme force motrice du développement économique et de l’innovation à l’échelle nationale. Notre structure a été pensée avec la volonté de poursuivre plusieurs missions : fédérer les acteurs de l’écosystème, promouvoir l’entrepreneuriat, soutenir le développement des startups, œuvrer comme un catalyseur entre le monde des startups et celui des entreprises.

Pouvez-vous nous détailler plus spécifiquement ces objectifs poursuivis ?

Si l’on prend la première mission, dont l’objet est de fédérer les acteurs de l’écosystème, elle se concrétise de différentes manières. Au sein de nos installations, on retrouve trois incubateurs, des accélérateurs et une palette d’experts qui peuvent aider les start-ups luxembourgeoises à mieux se développer. Au-delà de nos murs, l’idée est de fédérer l’ensemble des acteurs qui contribuent au développement entrepreneurial et innovant au Luxembourg. Nous avons voulu créer un endroit où tous ceux qui s’intéressent à l’innovation ou désirent la soutenir peuvent venir.

Notre deuxième mission réside dans la promotion. La volonté, d’une part, est d’établir des liens avec d’autres structures comme la nôtre à l’international, afin de rendre notre écosystème plus visible et créer des échanges. D’autre part, nous entendons participer aux missions de promotion, comme nous l’avons fait récemment avec d’autres acteurs luxembourgeois de l’écosystème sous la bannière luxembourgeoise « Let’s Make It Happen » à l’occasion de VivaTech.

Comment s’organise le soutien aux startups au départ de la House of Startups ?

Il se situe à divers niveaux. Les différents incubateurs présents développent chacun leur programme d’accompagnement. Au-delà, la volonté est de fédérer des experts capables d’aider les start-up tant sur des enjeux stratégiques, comme leur positionnement ou la levée de fonds, que sur des problématiques opérationnelles, comme le marketing, le web design, etc. Nous offrons des espaces adaptés à des start-up mais aussi à des professionnels qui ont envie de travailler avec des start-ups.

En quoi les startups sont-elles essentielles aux ambitions économiques nationales ? Comment peuvent-elles soutenir le développement économique luxembourgeois ?

Nous sommes une émanation de la Chambre de Commerce, dont les membres sont l’ensemble des entreprises commerciales établies au Luxembourg. Un des enjeux, dans ce contexte, est de montrer à l’ensemble de ces acteurs comment les start-ups peuvent soutenir l’économie, comment cet écosystème entrepreneurial peut être bénéfique pour chacun d’eux. Les startups sont notamment des vecteurs d’innovation pour des PME et sociétés corporate établies. Par exemple, le Luxembourg Open Innovation Club (LOIC), qui se réunit régulièrement chez nous, recense les besoins en innovation de ses membres corporate et les met en relation avec les start-up qui peuvent les aider. Le LOIC est une organisation supportée par les acteurs de l’écosystème tels que Luxinnovation, le Technoport, le Lux Future Lab et Nyuko.

Vous avez fondé le lux future lab, un incubateur adossé à la BGL. Cela doit d’ailleurs être la première initiative du genre menée par une société corporate au Luxembourg ?

Le lux futurelLab a été créé il y a sept ans. Et c’était la première fois en Europe qu’on voyait un acteur bancaire développer un incubateur. L’initiative s’inscrivait à l’époque dans une démarche de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE). J’avais été chargée par la banque de réfléchir à développer des actions dans cette optique. Nous aurions pu mettre en place des actions de soutien à la culture ou à la santé. Il nous est toutefois apparu que la première responsabilité d’une banque vis-à-vis d’une société était de soutenir l’économie et l’entrepreneuriat. C’est comme ça qu’est née l’idée du Lux Future Lab.

Comment, à vos yeux, a évolué le regard du monde économique sur l’écosystème start-up depuis lors ?

Il a beaucoup gagné en reconnaissance. Il y a quelques années, au moment même où a été créé le lux futurelLab, il n’y avait pas d’incubateurs de startups au Luxembourg en dehors du Technoport. L’écosystème entrepreneurial était pour le moins pauvre. Même au niveau de la banque, le projet de création d’un incubateur était loin de convaincre. La dynamique en place aujourd’hui découle d’une prise de conscience réelle de l’importance des startups pour l’économie. Dans un pays qui n’a pas de ressources naturelles, qui dispose de peu d’espace et d’un nombre limité de compétences, l’esprit d’entreprise est un élément essentiel pour garantir la croissance. C’est à travers lui que le pays peut se réinventer, comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises au cours du siècle dernier. Nous sommes passés d’une économie rurale, à une autre dépendant de la sidérurgie, puis de la finance. Désormais, c’est vers la connaissance, la technologie et l’espace que nous regardons. Dans ce contexte, l’esprit entrepreneurial est nécessaire à notre survie.

Qu’est-ce qui a changé au sein de la société luxembourgeoise, dont les citoyens n’étaient pas forcément réputés enclins à prendre des risques et à entreprendre il y a quelques années de cela ?

Je pense notamment que les jeunes générations nourrissent des aspirations nouvelles. Après la crise bancaire de 2008, la jeunesse a pris conscience de la fragilité d’un modèle qui envisageait la croissance, la croissance et encore la croissance. Les membres de la nouvelle génération entendent se réaliser autrement, et notamment à travers l’entrepreneuriat et en étant plus orienté vers l’utilisateur.

Certaines critiques s’élèvent aujourd’hui pour dire qu’il y a trop d’initiatives disparates en soutien aux startups, qu’il faudrait rationaliser. Qu’en pensez-vous ?

Personnellement, je pense qu’il n’y a pas de limite à la créativité, que toute initiative est positive si elle a du sens. Bien sûr, toutes ne perdureront pas dans le temps. Mais l’enjeu, selon moi, réside avant tout dans le développement de synergies qui pourront mieux servir l’écosystème et l’économie dans son ensemble. C’est ce que nous faisons à travers la HOST, en permettant aux acteurs de se rencontrer dans des locaux communs. La volonté n’est pas qu’il y ait moins d’acteurs, mais bien de les rapprocher pour que des synergies se créent.

Quels sont les principaux besoins des startups qui s’installent au Luxembourg ?

Ils sont les mêmes que ceux rencontrés par toute start-up, où qu’elle soit implantée. Les acteurs entrepreneuriaux ont avant tout besoin de clients et de financements. Nous voulons les aider, en étant positionné entre les entreprises luxembourgeoises et en développant des réseaux internationaux, à pouvoir se connecter plus facilement avec des acteurs qui peuvent avoir besoin de leurs services. D’autre part, la HOST veut aussi fédérer des spécialistes du fund raising, des investisseurs, des business angels et des VC.

La difficulté pour les startups à lever des fonds est souvent pointée du doigt quand on évoque l’écosystème entrepreneurial luxembourgeois…

En effet. Des outils existent pour soutenir les acteurs en phase d’amorçage, à travers Luxinnovation notamment. Nous avons un réseau de Business Angels (LBAN) qui fonctionne assez bien. C’est quand la startup arrive à un stade où elle doit lever des sommes un peu plus conséquentes pour financer son développement qu’elle se heurte souvent à des difficultés. Il manque notamment au Luxembourg des incitants à l’investissement dans des structures entrepreneuriales. C’est quelque chose dont on parle beaucoup en ce moment. Jusqu’à présent, les gens préfèrent investir dans l’immobilier que dans l’économie. C’est aussi un enjeu d’éducation.

Le futur de l’économie luxembourgeoise se trouve-t-il indiscutablement dans le développement de l’écosystème startup ?

C’est un vecteur essentiel. Ces acteurs innovants sont à même de changer la donne dans le temps. On a assisté à une évolution de la stratégie de prospection économique. Il y a quelques années, la volonté était d’attirer des géants – Goodyear, Dupont De Nemours, Guardian – afin qu’ils installent leur filiale européenne ici. Désormais, on va chercher des acteurs plus petits avec la volonté de mieux accompagner leur développement. A un grand acteur, dont le maintien de la présence au Luxembourg dépend d’instances établies ailleurs, il apparait plus intéressant d’avoir plus de petits acteurs prometteurs. Bien sûr, il y a toujours l’espoir de voir une licorne se développer depuis Luxembourg. Au-delà, si on arrive à produire chaque année des start-up qui développeront entre 50 et 150 emplois, ce sera déjà pas mal du tout !.

Un ecosystème intégré

Au sein de la House of Startups sont rassemblés les acteurs suivants :

Luxembourg-City Incubator
Créé par la Chambre de Commerce et soutenu par la Ville de Luxembourg, cet incubateur accueille des start-up technologiques et innovantes dans les domaines de l’UrbanTech, du commerce, du tourisme, de l’environnement, de la logistique, de la construction et de l’hébergement.
www.cityincubator.lu

Luxembourg House of Financial Technology (LHoFT)
La LHoFT est un hub dédié à la FinTech. Ici convergent finance et technologie dans une optique de soutenir le développement de l’industrie luxembourgeoise des services financiers, afin de lui permettre d’embrasser l’innovation et d’adopter de nouvelles solutions.
www.lhoft.lu

Hub@Luxembourg
Hub@Luxembourg est un accélérateur qui s’adresse aux start-up présentant un caractère fortement innovant avec un potentiel de croissance international dans divers domaines : aerospace, cybersecurity, fintech et insurtech, secteur maritime, économie vert, ville intelligente. Hub@Luxembourg s’inscrit dans le réseau des accélérateurs du groupe Crédit Agricole – 25 à travers le territoire français – avec la volonté d’explorer des opportunités de croissance transfrontalières.
www.ca-hub.lu

International Climate Finance Accelerator Luxembourg (ICFA)
L’ICFA, lancé par le ministère des Finances, le ministère du Développement durable et des Infrastructures et neuf partenaires issus du secteur privé, veut soutenir l’émergence et la croissance de gestionnaires de fonds désireux de lancer un véhicule d’investissement finançant des projets qui contribuent à la lutte contre le changement climatique et à la transition énergétique.
www.icfa.lu

 

 

 

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