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La révolution blockchain s’organise au cœur de la BEI

Mi-juin, la Banque européenne d’investissement (BEI) organisait en son sein la première édition de son Blockchain Challenge. Avec le soutien de Telindus, Nyuko et du Luxembourg Open Innovation Club (LOIC) pour la mise en œuvre de ce marathon de coding, l’institution européenne souhaitait explorer le potentiel de la technologie blockchain et inviter des acteurs majeurs du secteur bancaire à innover à travers elle.

September 18, 2018

Francisco Castro, Head of EIB’s back-office treasury division & Frank Roessig, Head of Digital Solutions for Finance – Telindus

Douze équipes pour un total de 56 codeurs ont rejoint Luxembourg trois jours durant, les 13, 14 et 15 juin derniers, pour participer à un marathon pas comme les autres au sein de la Banque européenne d’investissement. Les participants étaient issus de 15 pays différents. Parmi eux, quelques influenceurs du monde du coding avaient accepté de relever le défi proposé par la BEI. L’institution européenne souhaitait démontrer le potentiel de la blockchain pour l’amélioration des processus financiers, plus particulièrement dans le domaine de la trésorerie bancaire. « Tous les ans, nous accueillons les acteurs des grandes banques européennes au cœur d’un forum dédié aux enjeux de trésorerie, commente Francisco Castro, head of EIB’s back-office treasury division. Cette année, nous avons voulu innover en leur faisant découvrir ce qu’est la blockchain et ce que la technologie peut apporter au métier. » Pendant que les banquiers évoquaient des sujets se rapportant à leur métier au travers de forums, des équipes de codeurs ont pris possession des salles de réunion, avec une mission : utiliser la blockchain en vue d’améliorer le processus d’émission de l’instrument de financement à court terme qu’est le commercial paper. « C’est un produit largement utilisé par les entreprises mais dont la mise en œuvre dépend d’un processus relativement archaïque et complexe, poursuit Francisco Castro. Nous voulions explorer comment la blockchain pouvait permettre de l’améliorer et par la même occasion démontrer aux participants du forum l’intérêt de la technologie. » Le Forum des trésoriers et le challenge technologique ont directement convergé, les participants du premier événement étant invités à répondre aux questions métiers que soulevaient les codeurs.

Deux jours et deux nuits intenses

Pour mettre en place ce Blockchain Challenge, la BEI s’est tournée vers Telindus en la personne de Frank Roessig, Head of Digital Solutions for Finance et maître de cérémonie de l’événement. Il était épaulé pour l’occasion par Nyuko et le LOIC. Telindus, au-delà de l’organisation, avait aussi mis en place l’infrastructure réseau permettant aux codeurs de mettre en œuvre leur solution blockchain. « Les codeurs se sont rapidement mis au travail pour relever le défi, avec beaucoup de questions soulevées très rapidement. Chacun a directement mis beaucoup d’intensité dans son projet. Nous avons veillé très tard, la première nuit, pour répondre aux nombreuses questions soulevées, poursuit Francisco Castro. Et la deuxième nuit n’a pas été plus calme. »

A travers cette démarche, la BEI confirmait son ouverture vis-à-vis de l’innovation et son désir d’appréhender très concrètement une technologie telle que la blockchain. « Une telle démarche permet à des codeurs de mettre leur savoir-faire au service de projets concrets, mais aussi à des banquiers, des professionnels côté métier de s’impliquer, d’envisager de nouvelles approches, explique Frank Roessig. Au-delà du challenge, une institution comme la BEI et ses partenaires du secteur bancaire peuvent réfléchir à leur futur, entrevoir de nouvelles possibilités pour l’avenir. » 

Un travail collaboratif plus efficient

Le BEI comptait une équipe parmi les douze inscrites au challenge. « Et elle a plutôt bien performé », se réjouit Francisco Castro. « Chaque équipe avait carte blanche et pouvait soit envisager un concept qui touchait à une des phases du processus d’émission – le trading, la configuration de l’instrument ou le settlement -, soit révolutionner le processus front to back », poursuit Frank Roessig. Au troisième jour, les différentes équipes ont présenté leur concept à un jury composé de personnalités du métier mais aussi d’experts de la blockchain. « C’est l’équipe d’EY qui a remporté le challenge. La bonne idée a été d’optimiser le processus d’émission, de réduire le nombre d’échanges entre la banque et les contreparties, en maintenant le rôle de chaque acteur au sein de l’écosystème, tel que défini dans la réglementation », explique Francisco Castro. En facilitant les échanges entre acteurs, en automatisant certaines fonctions, en évitant à chacun d’avoir à vérifier l’information pour la valider, la blockchain permet de réduire considérablement le temps nécessaire à une transaction, mais aussi les risques d’erreur et, in fine, les coûts. « La technologie facilite les échanges et permet, en garantissant la validité des données partagées, un travail collaboratif plus efficient », commente Frank Roessig, qui peut témoigner de la, déjà, grande expérience de Telindus en la matière. L’opérateur travaille sur la technologie depuis plusieurs années. « Vecteur de transparence, la blockchain offre un niveau supérieur de confiance entre acteurs. Nous avons, des applications blockchain qui tournent, notamment dans le domaine de la notarisation et de la réconciliation des transactions », poursuit-il.

Bénéfices tangibles

Avec les projets présentés, les représentants des grandes banques présentes ont aussi pu mieux se projeter dans l’avenir. « Un concept comme celui présenté par l’équipe d’EY leur a permis de très concrètement se rendre compte des bénéfices d’un projet de transformation au départ de la blockchain, poursuit Francisco Castro. A travers lui, le temps nécessaire pour l’émission d’un commercial paper peut être réduit de trois jours à quelques heures. Il est dès lors envisageable, pour un trésorier, de lever des fonds nécessaires beaucoup plus rapidement en mettant en place un tel instrument. Mais, à travers la démarche, on comprend aussi directement mieux l’intérêt de la technologie dans beaucoup de domaines. » Pour Frank Roessig, la démarche d’un Blockchain Challenge présente l’intérêt de rendre « les bénéfices directement tangibles pour les gens du métier ».

Faire bouger les lignes

L’équipe gagnante remporte un chèque de 5.000 euros et l’opportunité de développer son concept dans le cadre de la BEI dans le courant de l’année 2019. « Le Blockchain Challenge nous a permis de nous projeter dans le futur. Après l’événement, plusieurs institutions sont revenues vers nous avec la volonté d’avancer sur des projets de cette nature, explique Francisco Castro. D’autres démarches, en vue de promouvoir l’innovation au départ du digital, que ce soit la blockchain, l’automatisation des processus ou l’intelligence artificielle, sont envisagées. » Frank Roessig salue l’initiative et la volonté, pour une structure neutre comme la BEI, de faire bouger les lignes. « On constate aujourd’hui que, pour faire avancer les choses, il faut multiplier les projets de plus petite envergure, expérimenter, considérer les implications qu’il y a derrière la mise en œuvre de la technologie, explique l’expert de Telindus. C’est dans cette optique que nous accompagnons nos clients, en mettant en œuvre des démarches d’Open Innovation comme ce Blockchain Challenge, mais aussi des approches de design thinking impliquant directement le client final ou les opérateurs afin de valider les projets de demain. »

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