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Le regard tourné vers l’action

Homme au parcours atypique, Marco Houwen a considérablement contribué à l’émergence d’un Luxembourg connecté. Cette figure incontournable de l’ICT semble toujours avoir une longueur d’avance, que ce soit en 2010, quand il investit dans une plateforme cloud innovante, ou aujourd’hui, lorsqu’il se fait l’un des plus fervents défenseurs de la blockchain. 2018 marquera l’année où il choisit de s’engager en politique. Mais qu’est-ce qui fait avancer Marco ?

July 10, 2018

Homme au parcours atypique, Marco Houwen a considérablement contribué à l’émergence d’un Luxembourg connecté. Cette figure incontournable de l’ICT semble toujours avoir une longueur d’avance, que ce soit en 2010, quand il investit dans une plateforme cloud innovante, ou aujourd’hui, lorsqu’il se fait l’un des plus fervents défenseurs de la blockchain. 2018 marquera l’année où il choisit de s’engager en politique. Mais qu’est-ce qui fait avancer Marco ?

Par Sébastien Lambotte – ITnation Magazine Eté 2018

« It is in your moments of decision that your destiny is shaped. » La maxime de Tony Robbins, célèbre chantre du développement personnel, a sans aucun doute résonné dans l’esprit de Marco Houwen quand il a accepté de rejoindre Xavier Bettel sur le liste DP du Centre pour les prochaines élections législatives. Entrepreneur luxembourgeois au parcours singulier, cette figure incontournable du secteur ICT a été profondément marquée par la personnalité de l’auteur américain.

Bauer Marco

Au début des années 90, Marco est un jeune adulte un peu paumé. « J’ai eu beaucoup de mal à trouver mon chemin », confie-t-il. Fils d’un agriculteur et d’une institutrice, il entre dans la vie active avec pour seul diplôme un BAC technique en gestion agricole, sans grande idée de ce qu’il allait pouvoir faire. « Bauer Marco », comme il se décrit, découvre alors l’univers du développement personnel. Après avoir dévoré un ouvrage de Tony Robbins, il décide d’aller rencontrer cette personnalité inspirante à Bruxelles. Marco rassemble alors toutes ses économies et demande de l’aide à ses amis pour pouvoir assister à l’un de ses stages. « Cette expérience a changé ma vie. A partir de là, j’ai décidé de tourner mon regard vers l’avenir et non plus vers mon passé », explique-t-il.

Heureux hasards

Avec son épouse, Marco décide alors de voyager. Il lance ici et là diverses activités. Après plusieurs tentatives infructueuses, sans le sou, il se voit contraint de rentrer au Luxembourg. « J’ai alors ravalé mon orgueil, … », confie-t-il. A l’époque, l’IT constitue à ses yeux un univers inconnus. Il débutera dans ce secteur, au hasard d’une rencontre, alors qu’il cherchait à intégrer une photo d’identité à son CV. C’est une connaissance disposant d’un scanner, outil indispensable pour accomplir cette prouesse technique au cœur des années 90, qui lui met le pied à l’étrier. Sans doute ne pouvait-il pas imaginer la carrière exceptionnelle qui l’attendait, ni qu’il contribuerait grandement à façonner le Luxembourg digital que l’on connaît aujourd’hui. « Marco fera rapidement la démonstration de sa force de persuasion. Ça a toujours été un excellent vendeur, passionné et amoureux de ce qu’il fait. Et comme tous les gens qui partagent son caractère, il est à 100% dans ce qu’il entreprend et met tout en œuvre pour atteindre ses objectifs », commente Xavier Buck, son comparse de toujours.

Les deux entrepreneurs se rencontrent alors qu’ils travaillent dans le giron de Téléphonie Luxembourg. Un lien d’amitié indéfectible se noue à l’époque. Ensemble, ils fondent Data Center Luxembourg. « J’étais porté sur la technologie, la vision. Marco, lui, gérait les enjeux opérationnels de main de maître. En tant que COO de DCL, il a monté et géré des équipes, a développé un modèle commercial, est allé à la rencontre des clients à l’international. Dans ces domaines, il est extrêmement convaincant », poursuit Xavier Buck.

Les deux font la paire

Quand Xavier crée EuroDNS, il invite Marco à son board. Quand le second développe son bébé, LuxCloud, le premier n’est pas très loin. « Avec son compère Xavier Buck, ils ont toujours su porter au plus haut leurs idées, aussi folles pouvaient-elles paraître, commente Jean-Michel Gaudron, ancien rédacteur en chef de paperJam, témoin privilégié de leur parcours. La réussite appelle la réussite. Marco a toujours pu surfer sur une vague porteuse et n’a connu que très peu d’échecs. Et s’il en a connus, ils sont en tous les cas peu importants comparés à ses succès. » Marco Houwen, lui, joue la carte de la modestie, semblant vouloir se tenir à distance du qualificatif d’entrepreneur. « Ce qui m’anime, ce n’est pas le business pour le business, mais de pouvoir générer un impact positif autour de moi avec les moyens à ma disposition », confie-t-il. Aussi, quand il est persuadé de l’apport positif d’une technologie, que soit le cloud en 2010 ou la blockchain aujourd’hui, il fonce…

Visionnaire engagé

« Marco a aussi ce côté visionnaire, pas forcément pour inventer quelque chose de révolutionnaire, mais plutôt pour exploiter au maximum le potentiel d’une nouvelle technologie, d’une tendance en vogue », commente Jean-Michel Gaudron. Quitte à être parfois un poil trop en avance, comme cela fut sans doute le cas avec LuxCloud. « C’était extrêmement innovant et, peut-être, c’est vrai, un peu en avance sur son temps, commente Xavier Buck. Mais si le projet n’a pas eu le succès que Marco espérait, notamment en raison des évolutions du cloud portées par les grands players, ce n’en est pas moins une réussite remarquable. Il a notamment contribué, avec d’autres de nos projets, à positionner le Luxembourg sur la mappemonde de l’Internet business. » Le serial entrepreneur, dirigeant d’EuroDNS, ne s’étonne pas de voir son ami se lancer en politique. « Cette dimension de sa personnalité a toujours été là, à travers notamment un lobbying intense mené auprès de nos élus pour faire évoluer les choses et satisfaire la vision d’un Luxembourg digital qui nous animait. » Marco a mis toute sa conviction et sa force de persuasion dans la balance. L’action menée a sans conteste contribué indirectement à la création de LuxConnect. Le dirigeant est aussi l’un des piliers du nœud d’échange Internet Lu-Cix. Il a longtemps plaidé pour la mise en œuvre de la loi cloud, qui empêche tout curateur de débrancher les systèmes en cas de faillite – de quoi donner aux hébergeurs luxembourgeois de sérieux arguments pour attirer du business. Enfin, Marco est aussi l’une des principales chevilles ouvrières des Luxembourg Internet Days. « Il a toujours su rassembler autour de lui des gens aussi passionnés que lui, des figures internationales majeures, toutes plus intéressantes les unes des autres. Ce trait de caractère a contribué à faire venir au Luxembourg des acteurs technologiques de grande ampleur », poursuit Xavier Buck.

Des hauts et des bas

Sans se départir de la bonhommie qui le caractérise, Marco Houwen s’est longtemps donné corps et âme à l’accomplissement de ses projets, quitte à s’oublier. « A l’époque de LuxCLoud, il n’y avait que le business qui comptait. Je voulais démontrer, à tous, et surtout à mon père, que je pouvais être successfull, confie-t-il. J’ai alors atteint un poids de 122 kg. Avec la fin de ma vision pour LuxCloud, c’est tout un monde autour de moi qui s’est écroulé. Ma motivation est tombée à un niveau abyssal. J’ai cru ne plus pouvoir rien faire. J’avais oublié tous les concepts de développement personnel qui m’avaient mis en selle. » Celui qui est entre temps devenu un businessman aguerri décide de revenir à ses fondamentaux. 20 ans plus tard, il retourne suivre le même stage auprès du fameux Tonny Robbins. « Là j’ai compris que, plus que regarder vers l’avant, il fallait aussi apprendre à vivre le moment présent, explique-t-il. J’ai pris conscience de l’importance du respect que l’on a pour soi-même. Aujourd’hui, je pratique la méditation tous les jours. »

 

Reprise en main

En quelques mois, Marco Houwen relève la tête. Il reprend sa vie en main. Perd plusieurs dizaines de kilos. Il fréquente assidument la salle de sport et privilégie les cocktails aux fruits et légumes. « Nous avions la même salle de sport, confie Jean-Michel Gaudron. Cette reprise en main, si cela peut paraître anecdotique, est révélatrice de son état d’esprit de gagnant. Pour ce qui est de sa source de motivation, je pense que comme tous ceux de sa trempe, il a toujours envie de faire mieux, de développer une nouvelle idée. » Et une fois engagé dans une direction, il s’y tient. « Ma contribution actuelle au service du Gouvernement et de l’industrie du Blockchain européenne à travers Infrachain a notamment pour origine un livre que j’ai eu l’occasion de lire sur le leadership dans un environnement décentralisé. J’ai vu dans la blokchain le futur de notre société, un monde où l’idée de hiérarchie statique disparait », explique-t-il.

 

Engagé totalement, avec cohérence

Si Marco Houwen a décidé d’y consacrer son énergie, c’est parce qu’il est persuadé que cet investissement au service de l’émergence de cette nouvelle technologie aura un impact positif sur la société à court, moyen et long terme. Il vient d’ailleurs de publier un ouvrage à travers lequel il partage sa vision du leadership dans ce nouvel environnement distribué et connecté (So You’v Got a DAO… par Marco Houwen et Grace (Rebecca) Rachmany – téléchargeable depuis daoleadership.com). « Mon engagement en politique répond à la même logique. Je ne veux pas me retrouver demain à regretter le fait d’avoir laissé passer une occasion de contribuer à l’amélioration de mon environnement. » Aux yeux du candidat, la démocratie va mal. L’élection de leader comme Viktor Orban et Donald Trump constituent les principaux symptômes d’une dérive. « Je pense que la société doit évoluer, notamment à travers une plus grande responsabilisation de l’ensemble des acteurs qui la constituent, à tous les niveaux. Il faut aussi rendre les citoyens fiers de qu’ils peuvent entreprendre, redonner de cette manière du sens à nos existences », explique-t-il. Quand la technologie blockchain constitue un moyen de contribuer à l’émergence de cette société aux responsabilités mieux partagées, la politique constitue une autre voie pour avancer dans cette direction. C’est donc en totale cohérence avec lui-même, sa vision, que Marco Houwen s’engage en politique, sur une liste libérale, sur laquelle il sent qu’il pourra défendre ses idées.

 

 

 

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