Les ambitions numériques du nouveau gouvernement

L’accord de coalition du nouveau gouvernement a été adopté ce lundi en fin de journée. Entre autres annonces ambitieuses, les groupes parlementaires (DP, LSAP, Déi Gréng) ont dédié une section au numérique et à la digitalisation. Voici les principales ambitions du Gouvernement Gambia 2 en la matière.

December 4, 2018

Les défis du numérique sont considérables et touchent toutes les composantes de la société. Les différents partis, en campagne, n’avaient pas manqué de partager leurs ambitions en la matière. Mais comment celles-ci allaient-elles se traduire dans l’accord de gouvernement négocié par les forces politiques qui l’ont négocié, à savoir le LD, le LSAP et Déi Grénd ? La réponse est désormais connue. L’accord de coalition 2018-2023, signé hier et partagé avec la presse, dédie 5 pages sur les 235 qu’il compte à ces enjeux. Le numérique est toutefois présent, en filigrane, tout au long de cet accord.

Que trouve-t-on dans cet accord?

Après s’être déclaré conscient des risques et des opportunités liés à la « révolution numérique », se traduisant par un accroissement de la production, de la concentration, de  la circulation et du traitement de données de toutes sortes, le nouveau gouvernement évoque plusieurs enjeux. Aux yeux des partenaires de coalition, « il s’agit de ne pas entraver inutilement le progrès technologique et sociétal dans le cadre de la digitalisation, mais au contraire d’inciter le développement de nouvelles technologies et projets de recherche, par exemple dans le domaine du cloud computing, big data, blockchain, intelligence artificielle, conduite autonome, etc. »

Digitalisation des administrations publiques

Le Gouvernement Gambia 2 déclare vouloir poursuivre et intensifier « les efforts entrepris jusqu’à présent en matière de numérisation de toutes les étapes de travail des administrations publiques, aussi bien en interne qu’en contact avec les citoyens et les entreprises ». Il précise que tout échange entre l’Etat et les citoyens devra pouvoir être effectué par Internet. Parmi les éléments notables, le Gouvernement, en collaboration avec Guichet.lu, entend généraliser le recours à des chatbots pour faciliter l’accès des citoyens aux informations. Notons encore que sera introduite la possibilité de payer les factures émises par les administrations publiques par des méthodes de paiement numérique rapides, mobiles et sûres.

Faire du Luxembourg un « safe haven »

Les mécanismes de protection des données qui sont confiées à l’Etat par les citoyens et les entreprises seront examinés et renforcés. Les investissements dans la sécurité des infrastructures informatiques critiques seront poursuivis en vue d’une meilleure protection contre les cyberattaques et en vue de faire du Luxembourg un « safe haven » à l’échelle internationale.

Poursuivre le développement du secteur des TIC

Le Gouvernement déclare vouloir poursuivre le développement et la promotion du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC), tout comme le développement des infrastructures nécessaires pour faire du Luxembourg un pôle des TIC compétitif au niveau international. L’enjeu est de permettre au Luxembourg « de mieux se positionner dans les différents secteurs de l’économie numérique, dont par exemple le cloud computing ». Une analyse détaillée déterminera à quel point la législation luxembourgeoise est favorable aux TIC et dans quelle mesure elle pourrait être adaptée. Les investissements dans l’archivage numérique et dans le stockage de données seront également poursuivis.

Continuer à investir dans des infrastructures à ultra-haut débit

Aux yeux du nouveau Gouvernement, « une couverture Internet à ultra haut débit généralisée constitue la condition essentielle pour rendre possible la prochaine vague d’innovation ». En effet, la connexion de plus en plus d’objets, que ce soit à la maison (« smart home »), en ville (« smart city »), dans le transport (conduite autonome, systèmes de guidage intelligents) ou encore d’autres domaines rendra possible le déploiement de nouveaux services. « Pour cette raison, le développement prioritaire des infrastructures et des capacités du réseau Internet sera promu, les lacunes du réseau à fibre optique seront comblées afin d’offrir un accès Internet à ultra-haut débit par câble dans tout le pays et de faire du Luxembourg un des premiers pays de l’Union européenne à disposer d’un Internet mobile rapide (5G) couvrant l’intégralité du territoire », lit-on dans l’accord de coalition.

La digitalisation dans le secteur financier, un enjeu clé
« La digitalisation du secteur financier constitue l’un des principaux défis dans les années à venir », lit-on encore. Le Gouvernement entend accompagner l’industrie financière, à travers la LHoFT notamment, pour maintenir sa compétitivité et faire face à la pression de nouveaux arrivants issus du monde des technologies de l’information. « Des technologies telles que la Blockchain ont le potentiel de révolutionner des pans entiers de l’industrie financière. Le Gouvernement examinera les possibilités de préciser encore le cadre législatif applicable et continuera à développer des initiatives et partenariats publics-privés tels que Infrachain, afin de mettre en œuvre de nouvelles solutions innovantes, explique-ton dans l’accord de Gouvernement. Une réflexion sera lancée sur l’opportunité de définir un cadre réglementaire spécifique pour les cryptomonnaies, cryptofonds et les initial coin offerings. Un cadre clair en vue d’une réglementation adaptée aux nouveaux développements, tels que le crowdfunding sera mis en place, dans le sillage des réglementations européennes. » A travers une veille technologique et réglementaire, le Gouvernement entend assurer la mise à jour continuelle du cadre législatif et réglementaire de manière à consolider le traditionnel « first-mover advantage » du Luxembourg.

Troisième révolution industrielle et compétitivité

Mais c’est tout l’écosystème économique sera impacté par la révolution digitale. Le Gouvernement semble en avoir pris conscience et établit dans son accord toute une série de nouvelles mesures. « La combinaison des technologies de l’information, des énergies renouvelables et des réseaux de transport intelligents sont au centre de la stratégie de la  ‘Troisième révolution industrielle (TIR)’,adoptée en novembre 2016 et retenue comme orientation générale pour le développement économique du pays », lit-on. L’enjeu est de faire évoluer l’économie luxembourgeoise « vers une économie plus intelligente, plus efficace en ressources, plus responsable et plus durable ».

Une stratégie de développement économique axée sur la donnée et la confiance

Vecteur essentiel d’une augmentation de la productivité, la transition numérique de l’économie devra être soutenue par une stratégie d’innovation digitale qui s’alignera sur les efforts de diversification de l’économie nationale. La politique de «multi- spécialisation » de l’économie sera poursuivie en développant les secteurs prioritaires : industrie, éco-technologies (y compris l’économie circulaire et la mobilité intelligente), technologies de la santé, technologies spatiales, services et technologies financiers et logistiques qui s’appuieront sur les technologies de l’information et de la communication en tant que moteur horizontal de l’innovation. « Une stratégie axée sur les données digitales permettra de positionner le Luxembourg comme un pays précurseur dans le domaine de l’innovation digitale. »

Mieux attirer les talents

Pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans bon nombre de secteurs professionnels, il s’avère incontournable d’adopter une feuille de route pour attirer des talents. A cette fin, il est proposé de créer un comité interministériel chargé de coordonner l’ensemble des efforts des ministères et administrations concernés, afin d’élaborer une stratégie nationale en matière d’attraction, de développement et de rétention de talents pour le Luxembourg. En outre, une analyse des démarches administratives à accomplir pour obtenir une autorisation de travail sera effectuée.

Renforcer la visibilité de l’écosystème start-up

Les efforts seront poursuivis afin de faire connaître et de promouvoir le Luxembourg en tant que « Start-up Nation ». Afin d’accélérer le développement de l’écosystème des start-up au Luxembourg, il est nécessaire d’accroître sa visibilité au niveau national et international et de mettre en exergue ses succès. Une stratégie de communication et de marketing en ligne avec les éléments définis par le « Nation Branding » et conçue en collaboration avec Luxinnovation sera établie dans le but de structurer un message commun et d’attirer des entrepreneurs, des investisseurs et des start-up technologiques.

 

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