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PSD2 : les banques européennes effrayées par la concurrence des « Tech Giants »

Suite à l’entrée en vigueur progressive, à partir de la mi-janvier 2018, de la directive européenne sur les services de paiement (PSD2), le Financial Times a donné la parole à plusieurs responsables de banques européennes. Ils s’attendent à voir les GAFA débarquer sur leur marché et craignent de ne pas avoir les armes pour se défendre.

February 7, 2018

Dans la mare bien peu agitée du monde bancaire traditionnel, trop longtemps protégé de toute forme de compétition, la directive européenne sur les services de paiement PSD2 est venue jeter un énorme pavé. Si le premier impact n’est pas tout récent – la directive ayant été officialisée en 2016 –, l’onde de choc continue à se propager, donnant des sueurs froides à bien des responsables de grandes banques européennes, qui devront être « PSD2 compliant » d’ici 2019.

La directive PSD2 oblige en effet les institutions bancaires à partager avec des tierces parties – groupes technologiques, concurrents, distributeurs de produits quels qu’ils soient – les informations des comptes de leurs clients (pour peu que ceux-ci l’autorisent). Plus important encore, la directive autorise ces tierces parties à initier des transactions au départ du compte bancaire si elles obtiennent un mandat pour cela. Autrement dit, n’importe quel prestataire pourra développer un service de paiement, fonctionnant au départ du compte d’un client bancaire, sans s’astreindre aux contraintes d’un organisme gérant des dépôts. Cet élément constitue, selon les banquiers interrogés récemment par le Financial Times, une vraie révolution dont les géants technologiques que sont Amazon, Google, Apple ou Facebook, pourraient tirer parti bien plus facilement que les banques. 

Oubliez Visa, contrôlez votre data

En effet, le travail des banques consiste essentiellement à manipuler des datas. Si on permet que ces datas soient exploitées par des spécialistes de la donnée comme les fintechs ou les géants technologiques, les résultats risquent de dépasser tout ce que les banques seront jamais capables de mettre en place. C’est exactement ce qui s’est passé en Chine avec Alibaba et Tencent, qui sont rapidement devenus les leaders du paiement, et c’est aussi ce qui risque de se passer en Europe avec PSD2.

De nombreuses applications exploitant les données bancaires pourraient ainsi voir le jour. Et, surtout, les services de paiements mobiles sans aucun intermédiaire risquent d’exploser, reléguant les cartes et autres solutions de paiement proposées par les banques aux oubliettes. Selon le Financial Times, ceci permettrait aux consommateurs d’économiser annuellement 500 millions d’euros de frais de Visa et autres MasterCard. Les banques, elles aussi, seront privées des revenus faciles – et considérables – liés à ces cartes.

78% des banques convaincues qu’elles ne feront pas le poids

Si la mise en conformité avec PSD2 a commencé à la mi-janvier, une tolérance généralisée sera encore de mise jusque 2019. Cela laisse peu de temps aux banques pour renoncer à leurs anciens privilèges et changer de modèle avant que la situation devienne intenable.

Certaines ont déjà commencé. C’est le cas d’ING avec sa plateforme de paiement mobile Payconiq. Malheureusement, la plupart des banques semblent avoir jeté l’éponge face à la puissance de la concurrence qui s’annonce. Toujours selon le Financial Times, 78% des banques européennes sont convaincues qu’elles ne feront pas le poids dans le paiement mobile par rapport aux géants américains de la technologie…

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