DIGITAL BUSINESS

Le regard de la recherche sur l’impact de la FinTech

La Luxembourg School of Finance de l’Université s’est penchée le temps d’une soirée sur l’impact de la FinTech sur la finance au Luxembourg.

December 16, 2016

securiteEn collaboration avec le LHoFT, la Luxembourg School of Finance de l’Université s’est penchée le temps d’une soirée sur l’impact de la FinTech sur la finance au Luxembourg. A la loupe : la blockchain et ses incidences possibles sur la distribution des fonds ainsi que le robo-advising dans le domaine du conseil en investissement. – Par Sébastien Lambotte

Positionner le Luxembourg dans le domaine de la FinTech exige de rassembler les acteurs de la finance et ceux qui innovent, réels vecteurs de disruption. Au-delà, pour atteindre les ambitions technologiques qu’elle s’est fixées, la place financière peut aussi s’appuyer sur la recherche académique, menée au sein de l’Université du Luxembourg. Le 24 novembre dernier, en collaboration avec la Luxembourg House of FinTech (LHoFT), l’Université proposait une conférence sur le thème « Fintech and Finance : Impact and Implications ». A cette occasion, le Dr Kalle Rinne, chercheur à la Luxembourg School of Finance, a évoqué deux évolutions technologiques qui pourraient avoir un large impact sur les métiers actuels de la finance et sur le Luxembourg en tant que place financière : la blockchain au service de la distribution des fonds et le robo-advising dans le domaine du conseil en investissement.

La blockchain, pour faire l’économie des intermédiaires

Faisant le constat que l’administration et la distribution des fonds, à l’heure actuelle, dépendaient de processus complexes et coûteux, intégrant de nombreux intermédiaires, le chercheur s’est demandé quel pourrait être l’impact de la technologie blockchain sur l’industrie, en général et au Luxembourg en particulier. « Aujourd’hui, les démarches relatives aux opérations liées à un fond d’investissement, comme un ordre donné par un investisseur par exemple, peuvent prendre plusieurs jours et dépendent largement de processus manuels », a commenté Dr Kalle Rinne. Dans ce contexte, le Luxembourg se montre principalement compétitif pour des démarches relatives à des distributions complexes dans un contexte transfrontalier. Il l’est nettement moins, si on le compare à la situation de marchés locaux. « Cependant, avec la blockchain, les opérations aujourd’hui requises pourraient être réglées en quelques secondes, sans devoir passer par les nombreux intermédiaires actuels. La technologie permettrait donc d’éviter de nombreux coûts et de gagner en efficience. »

Pour les acteurs de la finance qui voient leurs marges mises sous pression, avec une compétition qui ne cesse de croitre, la technologie est donc prometteuse. Des questions et des freins, toutefois, existent encore. Pour l’industrie des fonds luxembourgeoise se pose notamment la question de la compétitivité dans un environnement qui ne doit plus s’appuyer sur tous ces intermédiaires. « Avec la blockchain, les opérations manuelles devraient diminuer et des fonctions intermédiaires deviendraient obsolètes, précise le chercheur. A court et moyen termes, le système actuel devrait cohabiter avec la blockchain et de nouveaux besoins en matière de compétences requises vont se faire ressentir. Les profils recherchés devraient être plus orientés vers la technologie et les business models deviendront plus collaboratifs. Les effets à long terme, pour le Luxembourg, dépendront de la compétitivité de la place par rapport à d’autres. Il est donc essentiel de concentrer les développements sur les missions à haute valeur ajoutée. »

Le robo-advising et ses effets

En matière de robo-advising, le chercheur a présenté les opportunités liées à la technologie, mais aussi les risques. Du côté des avantages, il évoque des coûts moindres pour rendre des services à large échelle, une réduction de l’incertitude liée à des erreurs d’appréciation humaine, une diminution des barrières à l’entrée permettant aux acteurs financiers de proposer des services de conseil en investissement et de capter une clientèle plus large, moins fortunée. Du côté des risques, le Dr Kalle Rinne a notamment pointé du doigt certains effets de masse. « Les recommandations de conseillers ‘humains’ varient plus volontiers que celles de robo-advisors », assure-t-il. Or, selon le chercheur, des corrélations trop marquées, au niveau du marché, pourraient conduire à des performances moindres ou à d’autres effets non désirés.

« Aujourd’hui, les robo-advisors sont utilisés pour répondre à des tâches facilement automatisables et répétitives, dans la mesure où il n’est pas évident pour les acteurs financiers de se différencier sur des fonctions à faible valeur ajoutée. L’humain est donc toujours requis pour des services à haute valeur ajoutée. » Le modèle hybride, pour le chercheur, a encore de beaux jours devant lui. « Cependant, des systèmes plus avancés devront prendre en compte la problématique de la corrélation des échanges », précise le chercheur.

La sophistication des robots, toutefois, comme l’a souligné un membre de l’audience, devrait permettre des conseils de plus en plus personnalisés, prenant en considération un nombre toujours plus grands de paramètres liés aux désirs et attentes de l’investisseur. Jusqu’à remplacer le conseiller en investissement traditionnel ?

Watch video

In the same category