SEPA SDD: Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

L’APSI tire la sonnette d’alarme : la date butoir pour la migration des domiciliations bancaires au format SEPA (SDD) du 1er février 2014, c’est demain. Et de constater avec une certaine inquiétude : personne n’est actuellement prêt, tant du côté des émetteurs de factures que du côté des fournisseurs de logiciels de gestion…

September 12, 2013

L’APSI tire la sonnette d’alarme : la date butoir pour la migration des domiciliations bancaires au format SEPA (SDD) du 1er février 2014, c’est demain. Et de constater avec une certaine inquiétude : personne n’est actuellement prêt, tant du côté des émetteurs de factures que du côté des fournisseurs de logiciels de gestion…

L’APSI met en garde les éditeurs de solutions comptables et les entreprises créancières qui utilisent largement la domiciliation bancaire comme moyen de paiement. Au 1er février prochain, les systèmes nationaux seront abandonnés au profit du format SEPA… « Etes-vous prêts pour SEPA ? », ont questionné l’ABBL et l’APSI…

« Au 1er février 2014, les formats nationaux des domiciliations bancaires en zone Euro, seront abandonnés au profit de la SDD, la SEPA Direct Debit, a tenu à rappeler Jean-Pierre Borsa, Membre de la commission Moyens de Paiement de l’ABBL. En clair, le système actuellement en vigueur, DOM 2009 sera arrêté chez Cetrel et les banques devront mettre en place une procédure de migration des domiciliations vers les nouvelles exigences promues dans le système harmonisé de paiements SEPA. Pour les virements, l’impact est mineur entre la conversion de formats nationaux vers SEPA SCT, mais il en est tout autrement en matière de domiciliations bancaires. »

Pas qu’une question de format

Ce n’est pas tant une question de formats de fichiers, qui passent à la sauce xml, de champs ou de balises, mais bien un renversement complet de la méthode de gestion des domiciliations bancaires. « Le format change, mais c’est surtout la responsabilité qui change », prévient Jean-Pierre Bora. En effet, actuellement, le système à l’œuvre veut que la banque du client soit la gardienne du dossier de domiciliation. Avec SDD, c’est le créancier qui devra conserver lui-même les mandats… »

« Nous passons d’un Debtor Mandate Flow vers un Creditor Mandate Flow, explique Jean Diederich, Président de l’APSI et membre de la commission des Moyens de paiement à l’ABBL. C’est un changement radical que les éditeurs de logiciels de gestion sous-estiment, tout comme les sociétés qui utilisent largement ce mode de paiement. »

Madatory mandates

Pourquoi ? Parce que le créancier devra mettre en place un nouveau système de gestion des domiciliations (avec des nouveaux défis propres comme une gestion de calendrier très complexe), mais surtout transformer toutes les domiciliations actuelles au nouveau format. « Pour les sociétés qui disposent de quelques centaines de domiciliations seulement, nous recommandons d’arrêter l’ancien système et de faire signer des nouveaux mandats au nouveau format à leurs clients. Mais lorsqu’il y a des milliers de mandats à traiter, il faudra mettre en place une solution de migration efficace… », préconise Jean Diederich.

Mais faire resigner de nouveaux mandats comporte un risque commercial élevé, qui crée une fenêtre d’opportunité pour résilier des abonnements ou des contrats moins utiles ou non essentiels.

Car les plus grandes concernées sont les entreprises de services ou d’utilities, telles les fournisseurs d’énergie ou d’eau, les administrations locales ou nationales, les opérateurs de télécommunications, les loueurs de services de car-leasing, les crèches, les maisons de repos, les compagnies d’assurances,…

Adoption Zéro

« Pour transformer les mandats, nous avons défini une procédure il y a prêt d’un an, explique Jean-Pierre Borsa. Mais force est de constater que l’adoption est infime pour le moment. » Or, l’urgence se fait sentir.

« Il s’agit d’un dossier hautement politique, dit Jean Diederich, qui vient du niveau européen. En l’état, il n’y a aucun plan B… Tout le monde devra être opérationnel au 1er février 2014, dans six mois… » Même si moins de 3% des domiciliations en zone euro sont actuellement SEPA-compliant, il est très peu probable que des délais supplémentaires soient accordés par les autorités européennes pour la mise en conformité SDD. « Dans l’esprit de la Commission, même si les domiciliations nationales s’arrêtent au 1er février 2014, aucune entreprise n’est bloquée : elle a à sa disposition de nombreux instruments pour se faire payer, dont les virements, les cartes de crédits, et même le cash… »

Mais la problématique est cruciale, aussi pour une question de gestion des liquidités et de la trésorerie pour les entreprises. En effet, si elles ratent le premier train des nouvelles opérations SEPA SDD, elles peuvent vite se retrouver avec un taux d’inexécution ou de rejet de paiement important, allant de plusieurs jours à plusieurs semaines ou même mois. Dans le cadre d’une cotisation annuelle, on peut imaginer la taille de l’enjeu…

Ca flotte pour ALD

« Personne n’est en avance et le temps court », note Jean Diederich. Pour le car-leaser ALD Luxembourg, le chantier SEPA SDD est bien en route. « Il y a quelques semaines, nous venons d’informer notre clientèle de notre volonté de passer au nouveau système SEPA avant fin de l’année », explique Catherine Leurquin, porte-parole de la société qui vient de mettre en opération le 9000ème véhicule de sa flotte en mode leasing opérationnel.

En panne à l’ALC

Pour Frank Schmit, Directeur de la Clientèle de l’Automobile Club du Grand-Duché de Luxembourg, ce ne sont pas moins de 187.000 domiciliations qu’il faudra passer au format SDD… avec un petit délais supplémentaire : « Nous émettons nos souscriptions de façon annuelle en décembre, explique Frank Schmit ; ce qui nous laisse plus de temps mais aussi nous renvoie dans les cas de figure non prioritaire pour les banques, regrette-t-il. En ce qui concerne l’acquisition de nouveaux clients, nous sommes déjà prêts pour l’utilisation du nouveau système SDD. Mais en ce qui concerne la migration des domiciliations en vigueur, nous ne sommes pas encore avancés. Nous avons pris la décision de maintenir une relation avec chacune des banques, ce qui nous offre le confort de ne pas avoir à changer notre mode de fonctionnement. » Car, un des bienfaits de SEPA, c’est l’introduction d’une plus grande compétition dans le secteur financier, entre les banques.

Opportunités et menaces pour le Luxembourg

« Je parle pour la promotion de notre secteur, dit Jean Diederich. Le meilleur endroit pour domicilier vos paiement : c’est Luxembourg. Il n’y a pas moins cher ailleurs ! Ici, c’est gratuit. » Mais les appétits des banques étrangères sont grands également et les démarches commerciales auprès de clients émetteurs de factures sont grandes… Avec la possibilité de voir des flux financiers échapper au Grand-Duché.

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Feu vert pour la SSD chez Orange

Chez Orange Luxembourg, la mise en place d’une solution SDD est « cruciale », selon Françoise Roche, Director, HR and Finance d’Orange Luxembourg. Avec plus de 80% de sa clientèle Consumer sous mandat de domiciliation, l’opérateur mobile a mis en place un groupe de travail dédié à la migration Sepa. « Nous sommes assez avancés, dit Françoise Roche. Nous avons choisi notre banque qui sera notre point de relais pour toutes nos domiciliations. » Après les séries de test, l’opérateur pourra émettre son fichier pour les SDD directement depuis son système SAP.

« Nous voulons que cette migration soit la plus harmonieuse pour nos clients, continue Françoise Roche. Nous avons une bonne certitude sur la qualité de nos données, avec notre fichier de domiciliations qui est actif mensuellement. » Avec un lot de domiciliations pour les particuliers au 1er du mois et au 15 pour les professionnels, Orange Luxembourg devra s’affranchir de la contrainte de devoir basculer tout un système en moins de deux semaines.

« Le défi business principal est sur la gestion de notre cash-flow, admet Françoise Roche. Mais nous voulons aussi saisir cette opportunité qui nous offre de nouvelles possibilités, dont la domiciliation sur des comptes étrangers. » Idéal pour les clientèles frontalières, qui n’auront plus l’obligation de détenir un compte luxembourgeois pour y lier leurs prélèvements automatiques. « Pour ce projet, nous avons mobilisé des équipes de l’IT, du département Finance, du team Credit&Collection, du marketing pour la définition de nos templates. Nous assurerons également une formation pour nos collaborateurs dans les boutiques et pour le call-center. »

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