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Une APP européenne pour sortir efficacement du confinement

Une initiative européenne rend disponibles en « open source » les codes d’une application mobile permettant d’avertir ses utilisateurs de la présence d’une personne porteuse du virus à proximité.

April 22, 2020

Jean Diederich, président de l’APSI

Une initiative européenne rend disponibles en « open source » les codes d’une application mobile permettant d’avertir ses utilisateurs de la présence d’une personne porteuse du virus à proximité. La généralisation de son utilisation doit permettre de sortir plus rapidement de la crise du COVID-19 sans trahir les valeurs européennes de respect de la vie privée. Au Luxembourg, l’APSI a adhéré et invite l’État à supporter financièrement cet outil et son déploiement, ensemble avec toutes forces vives de la nation, une collaboration avec le monde médical, les hôpitaux et la cellule digitale « COVIS19 ». On peut couvrir la Grande- Région si le Luxembourg adhère car aujourd’hui car l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Suisse et l’Espagne. 

« La technologie doit aujourd’hui pouvoir être utilisée de la manière la plus opportune pour nous aider à sortir du confinement et limiter la crise économique engendrée par les mesures prises pour éviter la propagation rapide du coronavirus », nous explique Jean Diederich de Wavestone. Le président l’Association des Professionnels de la Société de l’Information (APSI) et représentant de Digital Europe pour le Luxembourg prend aujourd’hui la parole pour promouvoir l’importance des outils numériques pour mieux gérer la crise et nous permettre d’en sortir le plus efficacement possible, le fameux « EXIT ». « Les acteurs présentant la plus grande maturité vis-à-vis de la technologie sont ceux qui continuent le mieux de fonctionner dans la période actuelle. On a découvert dans quelle mesure la technologie pouvait s’avérer utile en période de confinement. Les conférences à distance, les appels vidéo, les outils de collaboration permettent de maintenir l’activité. Ceux qui n’étaient pas préparés souffrent plus que les autres. Cela se ressent dans le secteur financier, peu préparer, à cause de la règlementation du passé, les administrations, digitalisation des processus et adaptation de la législation, voir simplification ou encore dans l’éducation nationale, ou l’on aurait pu envisager des salles de classe virtuelle structurante », commente-t-il au passage.

Une application au service d’un retour à la normale

La technologie, si elle doit nous permettre de maintenir nos interactions sociales alors que nous sommes tenus de rester à la maison, peut aussi nous aider à en sortir efficacement. Dans cette perspective, Jean Diederich souhaite aujourd’hui promouvoir une solution technologique qui pourrait nous aider à nous rapprocher à nouveau physiquement tout en préservant chacun du risque de contagion. « Cette solution émane d’un consortium d’acteurs européens, issus de la recherche et du monde technologique, explique-t-il. Il s’agit d’une application mobile, fonctionnant avec le « bluetooth », qui doit garantir à chacun qu’il n’est pas en présence d’une personne porteuse du virus. »

Cette initiative, baptisée « Pan-European Privacy-Preserving Proximity Tracing » (PEPP-PT), veut promouvoir l’usage d’une application, en partageant son code en open source en Europe, pour lutter contre la propagation du virus dans le respect de la vie privée de chacun et des standards européens en matière de protection des données personnelles et de sécurité informatique.

Préserver la vie privée de chacun

« Alors que plusieurs initiatives sont portées par différents acteurs, principalement américains, pour tracer les citoyens et les prévenir d’un risque d’infection, notre volonté est de promouvoir une autre approche plus en phase avec nos valeurs européennes », explique Jean Diederich. En effet, une société comme « Palantir », spécialiste du renseignement électronique et partenaire stratégique du renseignement gouvernement américain, et aussi d’autres gouvernements européens, discute en effet avec plusieurs gouvernements pour les aider à mieux traquer le virus. La démarche, cependant, suscite des inquiétudes citoyennes en matière de protection de la vie privée. « L’initiative européenne, elle, ne vise pas une centralisation des données. Il ne s’agit pas de tracer les citoyens mais de les avertir du risque à proximité, poursuit Jean Diederich. En indiquant s’il est ou non porteur du virus sur l’application installée sur son téléphone, sur base des recommandations des professionnels de la santé, chaque utilisateur peut prévenir les autres du risque ou non de s’approcher de lui. »

Les données restent encrypter sur le téléphone

Dans la mesure où l’application serait utilisée par toute personne qui sort de chez elle, chaque citoyen peut être averti de manière anonyme si un risque se présente dans son environnement direct. « Comme l’on doit mettre un casque pour sortir sur la voie publique en moto, on pourrait demander à chacun d’activer l’application dès qu’il sort de chez lui, explique Jean Diederich. L’avantage est que les données sont stockées sur son téléphone et ne sont pas transmises à des tiers. En généralisant l’usage d’une telle solution, en s’appuyant sur la responsabilité des citoyens, les gouvernements peuvent faciliter un retour à la normale sans contrevenir aux exigences européennes en matière de respect de la vie privée. »

Le Luxembourg invité à prendre part à l’initiative

Huit pays européens, l’Autriche, la Belgique, le Danemark, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Suisse et l’Espagne investissent dans le projet. Le Luxembourg y a adhéré à travers l’APSI et ses membres. La Finlande a aussi marqué son intérêt. « Notre souhait est que le Luxembourg, avec le milieu médical, les acteurs de l’ICT et les responsables publics, prenne part à cette initiative, commente Jean Diederich. Les codes de l’application sont aujourd’hui disponibles sous un format open source. Sur cette base garantissant l’interopérabilité entre tous les utilisateurs, l’enjeu est que chaque pays européen puisse adapter l’application à son contexte et en promouvoir l’usage. »  Une telle application, tout en limitant les risques de propagation, pourrait être vectrice de confiance entre membres d’une population.

Il serait intéressant de voir comment, au départ de cette technologie, il peut être possible de prévenir un utilisateur ayant approché une personne porteuse du virus mais dont les symptômes ne se sont déclarés que plus tard. Ou encore comment les données peuvent être utilisées, de manière anonyme, pour suivre la propagation et voir comment isoler certains groupes de personnes en raison d’un risque de contamination. « Je pense que la technologie peut être d’une grande aide pour sortir de la crise, à condition de l’envisager de la bonne manière, sans trahir nos valeurs européennes, explique Jean Diederich. Cette initiative constitue, de notre point de vue, une base de travail intéressante. Il faut pouvoir fixer un cadre d’utilisation, en travaillant notamment avec les professionnels de la santé, les ministères, l’agence eSanté, la CNS, les hôpitaux, la recherche… pour prévenir les risques en respectant le caractère privé des données de chacun. »

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